Tous les acteurs politiques, en toute lucidité, avec le recul et prenant appui sur les expériences des élections qui se sont déroulées au Mali depuis l’avènement du pluralisme politique, ont tiré la conclusion que le fichier qui sert de source aux présentes listes électorales sert de lit pour des élections non transparentes et la fraude massive. Et unanimement, la classe politique reconnait que les contestations postélectorales sont inévitables dans un contexte d’élections frauduleuses et corrompues. Et comme tout le monde sait que ce genre de climat est propice à l’émergence de toute sorte de dérives et de dérapages, les partis politiques et mêmes des acteurs de la société civile se sont exprimés à hautes et intelligibles voix en faveur d’un nouveau fichier sur la base du Ravec. Parce qu’il est désormais interdit d’en faire un tabou, le fait que de beaux pays de notre sous-région sont passés à côté de l’hécatombe, pour certains.
D’autres ont été simplement réduits en cendres, à cause du comportement de leurs responsables politiques et administratifs. La Guinée, le Niger, la Côte d’Ivoire pour ne citer que ceux-ci ont pris le risque de cette folie. Est-ce que notre pays le Mali ne va pas tirer leçons de ces crises postélectorales ? Est-ce qu’il faut que notre pays prolonge la liste noire de ces pays qui ont sombré dans le sang, les larmes et le feu ? Est-ce qu’il faut que nos dirigeants, après avoir manqué les tournants de l’harmonisation, refusé le virage de la prolongation, peuvent prêter le flanc pour ramener notre démocratie à la case départ ? N’est-il pas encore temps de se ressaisir en se consacrant entièrement à l’achèvement du Ravec et la confection du nouveau fichier et mettre à plus tard les reformes institutionnelles et constitutionnelles ? Comme nous l’apprenons à travers le communiqué ci-contre de l’Adema-Pasj, « au cours de sa réunion extraordinaire sur les Reformes Constitutionnelles et Institutionnelles, le Comité Exécutif se dit favorable à ces reformes dans la mesure où déjà en 2001 l’Adema ayant constaté des insuffisances dans la constitution avait décidé d’y apporter des changements ». Devons-nous rappeler que malgré la décision de l’Adema de procéder à ces changements en 2001, elle y a été contrainte à les reporter. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’Adema, l’un des plus grands partis du pays, se devait un devoir de mémoire. Reporter ne veut pas forcement dire renoncer définitivement à ces réformes.
Après une telle prise de position, le Comité exécutif de l’Adema-Pasj un peu paradoxalement exprime sa « grande appréhension » en rapport avec « le timing », en s’interrogeant « est-ce que l’agenda du gouvernement lui permet de gérer à la fois les dossiers des élections et des Reformes ? ». Le comité directeur du parti de l’abeille, qui a déjà marqué sa position, n’a-t-il pas lui-même la réponse à sa question ?
B. Daou
Le républicain Mali 20/05/2011