Réforme institutionnelle / Le « Collectif Touche pas à ma constitution » en perte de vitesse ?


Ils étaient nombreux et déterminés. Mais depuis leur regroupement dans le « Collectif  Touche pas à ma constitution », les acteurs ne sont plus dynamiques. Pour preuve, depuis la mise sur pied du Mouvement, il n’a pu organiser qu’un meeting qui n’a pas en réalité mobilisé comme il se devait. Chose grave, les acteurs clefs du « Collectif Touche pas à ma Constitution » arrivent difficilement à se réunir pour déterminer les actions concrètes à entreprendre pour faire reculer le Président ATT dans sa volonté d’imposer un référendum coûteux au Mali à un moment où l’argent se fait rare pour l’organisation d’élections présidentielles et législatives dignes de nom.

Sans accuser une quelconque organisation membre du « Collectif Touche pas à ma constitution », Mohamed Tabouré de Sanfin, lors du meeting organisé par les partis de l’opposition le samedi 8 octobre 2011, au Carrefour des jeunes pour dénoncer la constitution et la mise en place de la Ceni, a levé le lièvre sur la « démobilisation mortelle » qui s’installe dans le « Collectif Touche pas ma constitution ». Selon lui, faute d’acteurs, le Mouvement n’a pu tenir une réunion programmée le jeudi 6 octobre 2011. Profitant de l’espace du meeting, Mohamed Tabouré a lancé un vibrant appel à tous les Maliens opposés à la réforme de la constitution de se retrouver le vendredi 14 octobre 2011, à partir de 14 heures au siège de la fédération des collectifs des Ong du Mali (Fecong) à Faladiè. Mais, avant cette invitation, Mohamed Tabouré a accusé Siaka Diakité, secrétaire général de l’Untm.

« Siaka Diakité a abandonné le combat contre la réforme de la constitution, pour un protocole d’accord qui n’accorde concrètement rien aux travailleurs maliens », a-t-il déclaré en substance. Avant d’ajouter que le protocole entre l’Untm et le Gouvernement du Mali intervenu récemment dans le cadre d’un préavis de grève déposé par la centrale syndicale est un « Koteba ». « C’est du théâtre, les travailleurs maliens n’ont rien eu. Les partants volontaires à la retraite n’ont rien eu », a-t-il conclu. Mohamed Tabouré, comme à ses habitudes, venait de dire tout haut ce que certains Maliens disaient dans le cadre des salons feutrés.

En effet, l’engagement de l’Untm dans le « Collectif Touche pas à constitution »  avait été apprécié par toutes les associations ou organisations membres. Personne au Mali  n’ignore le rôle de la centrale syndicale dans l’avènement de la démocratie au Mali. Pour cela son engagement aux côtés du « Collectif Touche pas à ma constitution » était perçu par de nombreux Maliens comme gage de succès. Mais, avec cette accusation formulée par Mohamed Tabouré contre Siaka Diakité, secrétaire général de l’Untm, nombreux sont les Maliens qui sont aujourd’hui en droit de s’interroger sur le succès du combat du « Collectif Touche pas à Constitution ». D’autant plus que  la coïncidence entre ce combat et le préavis de grève de l’Untm  n’avait pas été perçu d’un bon œil par certains observateurs de la vie publique malienne. Ils avaient estimé que l’Untm était bien partie pour négocier son engagement dans la lutte contre la réforme constitutionnelle, dans l’espoir d’amener le Gouvernement à accepter ses revendications énumérées en 16 points dans le préavis de grève. A la conférence de presse du  dernier conseil central ordinaire de l’Untm, tenu le 27 septembre 2011, Siaka Diakité, interpelé sur la question,  avait été suffisamment clair.  « Le Conseil central de l’Untm a approuvé la position du bureau exécutif de l’Untm sur la révision constitutionnelle », avait-il déclaré. Mieux, il avait estimé qu’« il ne faut pas mélanger les deux. Avec son préavis,  l’Untm est dans son rôle de défenseur des intérêts des travailleurs maliens.

Mais, nous sommes un syndicat national composé de citoyens maliens, donc qui a le droit de donner son opinion sur toutes les grandes questions en rapport avec la vie de la nation ». Mais, déjà, à cette conférence de presse, il était très perceptible que Siaka Diakité, subissait des pressions énormes. En tout cas, sa façon de parler a laissé transparaître cela. « Tous ceux qui accusent aujourd’hui l’Untm de faire de la politique, où ils étaient lorsqu’en 1990, la centrale syndicale  a publiquement réclamé l’ouverture démocratique du pays », s’était interrogé Siaka Diakité.

Malgré ces assurances de Siaka Diakité, des acteurs de la société civile pensent  qu’il  y a de fortes chances qu’ils perdent un acteur de taille dans leur combat contre la révision de la constitution. En même temps que tous les autres acteurs du « Collectif Touche pas à ma constitution », l’Untm doit d’une manière ou d’une autre donner un signal fort de son engagement à barrer la route à la réforme constitutionnelle annoncée.

Assane Koné

Le Républicain 11/10/2011