Réforme du travail: Macron noue le dialogue avec les partenaires sociaux

Le président Emmanuel Macron rencontre le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez à l’Elysée le 23 mai 2017 / © POOL/AFP / Michel Euler
Emmanuel Macron recevait mardi les responsables syndicaux et patronaux, venus exprimer leurs exigences sur la réforme du travail que le président veut mener au pas de charge, moins d’un an après l’épisode de la loi El Khomri et de son interminable conflit social.

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Laurent Berger (CFDT), qui a ouvert le bal des rencontres bilatérales, a senti le chef de l’Etat « déterminé à mettre en place ce qu’il avait annoncé » mais « aussi à l’écoute ». Le leader syndical attend néanmoins de voir « dans les faits » ce qu’il en sera, car M. Macron n’est pas « rentré dans le détail » de sa réforme.

Devaient suivre dans le bureau du président Philippe Martinez, de la CGT, arrivé peu avant 10H00 avec, sous le bras, un code du travail alternatif rédigé par des universitaires, Jean-Claude Mailly (FO) à 11H et Pierre Gattaz (Medef) à midi. Les entretiens se poursuivront avec François Asselin de la CPME (15H), Alain Griset de l’U2P (16H), François Hommeril de la CFE-CGC (17H) et Philippe Louis de la CFTC (18H).

Au menu: la réforme du droit du travail, que le gouvernement compte mener rapidement, par ordonnance, pour une entrée en vigueur à la rentrée de septembre.

Hormis le plafonnement des indemnités prud’homales, le regroupement des instances représentatives du personnel et le référendum d’entreprise à l’initiative de l’employeur, les contours de la réforme restent flous, tout comme la place laissée aux partenaires sociaux dans son élaboration.

Pour les syndicats, pas question que le dialogue social passe à la trappe.

Laurent Berger a redemandé au président « que la méthode ne soit pas à la hussarde », « c’est-à-dire qu’il n’y ait pas une forme de précipitation » qui donnerait « le sentiment qu’il faudra avoir tout réglé » avant la « fin août ». « De mon point de vue, c’est juste impossible et ça ne laisserait pas le temps suffisant à la nécessaire concertation », a insisté le syndicaliste, qui sera reçu lundi par le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Ses homologues seront également reçus à partir de mercredi.

Si le gouvernement « passe en force, il y aura un effet boomerang », a aussi mis en garde Jean-Claude Mailly, qui relève, pour l’heure, trop « d’ambiguïtés » pour « savoir ce que, concrètement, le gouvernement envisage ».

Pas le droit de bloquer la France

Philippe Martinez a critiqué la « méthode » d’une concertation rapide avant des ordonnances prises au cœur de l’été: c’est « un peu fort de café de discuter d’un texte aussi essentiel pendant que les salariés sont en congé ».

Mais le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a prévenu les syndicats qu’ils n’avaient « pas le droit de bloquer la France » même s’il ne sont « pas d’accord avec telle ou telle mesure, surtout quand elle était au cœur du projet présidentiel ».

Le souvenir du conflit social autour de la loi El Khomri reste vif. Insuffisamment discutée avec les partenaires sociaux et rejetée par une partie des syndicats (dont la CGT et FO), la réforme a donné lieu à six mois de contestation ponctuée de 13 journées de grèves et manifestations, souvent émaillées de violences.

Côté patronal, la priorité est tout autre: il faut « aller vite », selon Pierre Gattaz. « La réforme du marché du travail, c’est le sujet majeur de la France aujourd’hui. Faisons-le en toute transparence, en concertation, mais en rapidité », a-t-il exhorté, approuvant le recours aux ordonnances.

Sur le fond, les grandes orientations voulues par Emmanuel Macron conviennent au patronat, même si la CPME et l’U2P réclament des mesures spécifiques pour les petites entreprises.

Pas de consensus, en revanche, chez les syndicats, notamment sur l’inversion de la hiérarchie des normes.

C’était déjà cette fameuse inversion, qui donne la primauté aux accords d’entreprises par rapport aux conventions de branches et la loi, qui avait cristallisé la contestation anti-loi El Khomri. M. Macron veut étendre à tout le code du travail ce principe, qui n’est aujourd’hui applicable qu’aux sujets liés à la durée du travail.

Une ligne rouge pour la CGT et FO, tandis que la CFDT est ouverte au dialogue si le droit applicable en l’absence d’accord d’entreprise reste élevé.

Une mesure parvient à faire l’unanimité des syndicats, mais contre elle: le plafonnement des indemnités prud’homales.

(©AFP / 23 mai 2017 11h12)