En, tout cas, Siaka Diakité n’est pas content et il l’a fait savoir, hier, dans un point de presse consacré aux négociations Untm-Etat mais qui débordera sur la réforme constitutionnelle en préparation. De mémoire de journaliste, on aura rarement vu le patron de l’Untm aussi fâché. Tout d’abord, sur les revendications des travailleurs soumises au gouvernement et au patronat, Siaka Diakité et ses camarades se disent sidérés « par le manque de volonté politique du gouvernement et du patronat » par rapport au respect des engagements qu’ils ont pris et qui sont consignés dans un protocole d’accord accepté par les parties prenantes. Ce protocole assorti d’un chronogramme précis élaboré en 2007 devait être exécuté en juin 2010. Depuis, regrette Siaka Diakité, le gouvernement a été « saisi cinq fois par écrit ». Et toutes les précisions demandées ont été fournies par l’Untm, malgré le fait que le gouvernement avait des experts pour proposer une « grille ». Mais « lorsqu’ils en ont été incapables, nous leur en avons proposée, qu’ils n’ont pas contesté et avec laquelle ils étaient d’accord », insiste le syndicaliste.
Le blocage et l’Amo indexés
Qu’est-ce qui se passera maintenant ? La base est informée et mobilisée et au moindre signe de blocage, le Directoire avisera, prévient-il. Or il y a blocage, constate Siaka Diakité qui déclare qu’il se rendra dès aujourd’hui dans les régions de Sikasso, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Koulikoro et Kayes, ce sera le 6 août. Et le 11 août, rendez-vous à Bamako pour l’évaluation de la situation avant que le 13 août, l’Untm ne dégage une position, annonce le syndicaliste qui semble prêt pour le combat. En tout cas, rien ne trouve grâce à ses yeux, y compris l’Amo à laquelle l’Untm était pourtant favorable, « malgré le déficit de communication » qui a effarouché la base. Or justement, il y avait, apprend-il, un fonds de 150 millions de F Cfa pour la sensibilisation au niveau du ministère de tutelle de l’Amo. Il s’est, dit-il, renseigné et il peut assurer que ce fonds n’existe plus. « Nous ne savons pas comment il a été utilisé » Et au conférencier de mettre en doute la volonté des pouvoirs à bien gérer l’assurance controversée, dénoncer « la vente en louche de certains médicaments », ainsi que la violation de la loi « par le gouvernement qui a rendu facultative l’Amo ». Pour Siaka Diakité, rien ne va donc. Y compris la révision constitutionnelle pour laquelle l’Untm a été saisie par l’Assemblée nationale par 11 questions.
Barrer la route à la réforme
Les journalistes aussi savent depuis hier que la centrale est résolument hostile à toute révision. « Ce n’est pas le moment d’engager une réforme constitutionnelle » a martelé le syndicaliste qui déplore d’ailleurs qu’il n’y ait pas eu de débat sur la question. Ce qu’on ne peut plus faire, précise t-il en cette « phase d’écoute car l’Assemblée ne peut faire que l’écoute ». Sur le fond, Siaka Diakité réprouve le « trop de pouvoir donné au président de la République ». Il y a, aussi, dénonce t-il, des changements attentatoires à la nature de certaines institutions. « Avec cette reforme, ce ne serait plus la même constitution, on ne sera plus dans la même République, donc il y a création de constitution ». Furieux, le syndicaliste décortique plus loin : « d’une révision constitutionnelle, on en est à une quatrième République, au lieu qu’on reste dans la troisième République. » A qui profite donc tout cela ? « A ceux qui ont introduit la réforme et qui y ont intérêt. » Un jeu de cache-cache donc ? « On va le découvrir. Ils vont nous trouver sur leur chemin », anticipe un premier responsable de l’Untm qui n’a pas décoléré tout au long de sa conférence.
Boukary Daou
Le Républicain 28/07/2011