«Une bataille n’est décisive que si elle se situe au centre de gravité», dirait le stratège.
Mais à cela on peut ajouter que «l’exaltation qui donne aux sentiments révolutionnaires la parure de l’absolu est souvent loin de la réalité du champ de bataille».
Du haut du promontoire, le décideur ne doit s’en tenir qu’à l’analyse concrète de la situation concrète.
Et c’est ce qui doit être le décryptage partiel, non populiste, face à des équations à plusieurs inconnues comme celles auxquelles le Mali est confronté depuis des décennies.
Et aujourd’hui plus que jamais avec cette transition politique qui suscite tant d’attentes, beaucoup d’espoir.
Partisans du changement, sous l’effet cumulé de la passion et de l’engagement militant, nous marchons parfois droit sur l’objectif en enjambant les obstacles.
Pour que le révolutionnaire ait les moyens et les conditions des changements structurels et super structurels, il lui faut arracher d’abord le pouvoir à ceux qui le détiennent.
Cette opération est multidimensionnelle pour ne pas dire surdéterminée qui met à rude épreuve les capacités d’innovation, de créativité et d’organisation des acteurs du changement.
Après avoir surmonté les difficultés d’accession au pouvoir, viennent les inévitables menaces de retour des tares et pratiques néfastes anciennes qui sont la néguentropie du processus de changement.
La solution ne peut être dans le seul rejet du passé (qui guette à la porte), mais dans le réarmement culturel, politique et économique pour maîtriser le futur au lieu de le subir.
En ce début du 21e siècle, dans notre lutte contre les cinq monopoles impérialistes de domination néolibérale se pose non pas la lutte contre les producteurs locaux de richesses, mais comment les protéger et les concilier avec les détenteurs du capitalisme financiarisé. Le discours néolibéral est une grossière imposture dans la mesure où, de son premier stade au 17e siècle à son 3e stade au 21e siècle, le néolibéralisme se caractérise par le fait qu’il ne tolère que des puissances complémentaires, mais jamais de puissances concurrentes. Dans sa première phase, l’Angleterre a empêché l’industrialisation de l’Inde (qui était plus avancée que son colonisateur en technologie métallurgique) et de l’Egypte qui était un des fournisseurs de son industrie textile.
A la même époque, les USA ont protégé leurs industries textiles en taxant fortement les exportations de textiles britanniques vers le pays de l’Oncle Sam.
En ce 21e siècle, au Mali, il y a deux forces possédantes.
La première est constituée par les opérateurs économiques nationaux (entendez par là les nationaux et les étrangers qui créent des sociétés de droit malien et qui produisent de la richesse).
Dans un contexte où les états se disputent les investisseurs étrangers, nous devons savoir créer et protéger un cadre juridique et économique qui garantit les intérêts des partis.
En 2000, je suis allé en Chine.
Des discussions j’ai retenu, entre autres que : ce pays a su attirer les investissements de sa diaspora ; la chine était, dans le monde, le premier pays investisseur dans l’informatique.
Les bénéfices des investisseurs privés dans l’hydroélectricité étaient exonérés de tous impôts et taxes si le promoteur décide de les réinvestir dans la construction d’une nouvelle centrale hydroélectrique.
Connaissant le taux de croissance économique à deux chiffres de l’Empire du milieu, je pouvais deviner la croissance énorme des besoins d’électricité de ce pays.
Exploiter à fond l’accès aux ressources naturelles de la planète
Durant les années 1990-2000, la Chine était avec les USA, les deux pays qui recevaient quotidiennement un milliard de dollars par jour.
Si le cas des USA peut s’expliquer qu’une partie venait se mettre à l’abri ; pour la Chine il s’agissait de capitaux qui venaient s’investir dans l’économie réelle.
Cette puissance mondiale d’Asie, avec ses excédents commerciaux, était le premier pays détenteur de devises étrangères en dollars.
D’où l’importance et la nécessité pour nous de savoir promouvoir et protéger nos investisseurs.
Notre option est l’économie de marché, mais nous refusons les diktats impérialistes néolibéraux.
Pour se développer dans cette jungle qu’est l’économie libérale nous devons surtout créer les conditions de compétitivité économique à travers un environnement macro économique assaini.
Il faut aussi bâtir des institutions publiques à hauteur de souhait (lutte contre la corruption, justice, équité…), rehausser la capacité du pays à assimiler les progrès technologiques…
Dans le contexte actuel de l’Afrique, la paix et la sécurité sont des préalables à l’assainissement de l’environnement des affaires.
Et doter le pays d’infrastructures et d’équipements à la hauteur des besoins de croissance économique et de développement humain durables ne peut que vivifier une économie.
C’est d’ailleurs là qu’il faut d’abord enraciner la société et l’économie maliennes (désenclavement, électrification, TIC, écoles, centre de santé…). Le développement sans des infrastructures à hauteur des besoins restera un vœu.
D’où l’urgence de revisiter le NEPAD en ne comptant pas directement sur les financements occidentaux, mais en ouvrant l’Afrique et ses chantiers d’infrastructures et d’industries au monde entier sur des bases légales, transparentes, liant par exemple croissance économique et développement humain durable.
Les investissements en question seront adossés aux ressources naturelles à exploiter.
Sur les cinq monopoles de domination du monde, en ce début du 21esiècle, l’Afrique ne peut agir que sur une seule : l’accès aux ressources naturelles de la planète. Et il faut l’exploiter à fond au profit de nos économies !
Diatrou Diakité
Consultant indépendant