REFERENDUM DU 9 JUILLET : La mouvance présidentielle se fissure

La cohésion précaire qui a prévalu au sein de la mouvance présidentielle n’a pas résisté à la révision constitutionnelle.
Pour le vote en faveur du oui du référendum du 9 juillet prochain, plusieurs partis politiques de la majorité présidentielle commencent à s’afficher contre et certains donnent même l’impression de prendre leurs distances.
L’ancien ministre d’IBK, ex-candidat de l’Adéma/PASJ et membre de la mouvance présidentielle, Dramane Dembélé, est du lot des mécontents. Sur sa page Facebook, il a affiché son opinion sur ce qui est en train de se jouer.
« Je préfère le Mali à mon parti Adéma/PASJ a fortiori un clan ». Et pour rajouter à sa colère, M. Dembélé s’interroge. « J’ai appelé à voter IBK pour éviter une crise post-électorale, pour la stabilité du pays. Cela est un fait même si les esprits fertiles veulent me denier cette prise de position courageuse et patriotique pour le Mali. Pour moi le Mali est au-dessus de notre modeste personne. On change de régime semi-présidentiel en régime présidentiel je m’interroge est-ce une nouvelle Constitution ou une modification de Constitution ? S’il vous plait éclairer mon ignorance !!! ».
Une telle position va à l’encontre de celle que défend son parti, un membre influent de la mouvance présidentielle dont les députés ont voté en faveur de la révision constitutionnelle. Dans ce débat, c’est la ligne de conduite du parti de l’ancien Premier ministre d’IBK, Moussa Mara qui reste confuse.
Bien que, pour la révision, son communiqué du 15 juin 2017 laisse apparaitre un autre son de cloche. Pis, Moussa Mara charge les forces de sécurité : « Le parti Yéléma, (le Changement) exprime sa profonde inquiétude face à la situation qui prévaut en cette période de veille de la campagne référendaire. A ce titre, il constate avec regret que les rassemblements et autres manifestations qui relèvent de la liberté d’expression sont empêchés par les forces de l’ordre. A cela est venu s’ajouter ce mardi 13 juin une restriction d’accès aux réseaux sociaux. Ces entraves sont regrettables et portent un coup à la démocratie malienne ».
Plus loin, le parti Yéléma « demande aux autorités maliennes d’œuvrer à garantir la liberté d’expression de nos compatriotes et de permettre à tous les citoyens ainsi qu’à tous les groupes socio-politiques de mener campagne dans le cadre du référendum, quelles que soient leurs opinions et leurs positions ».

Levée de boucliers
Dans le débat pour un soutien à IBK, la déclaration du comité exécutif de la Codem d’hier 15 juin 2017, signée par le secrétaire administratif, Allaye Guindo, fait polémique. Et l’on se demande qu’est-ce qui explique la brusque levée de boucliers du parti du ministre des Sports.
« Le bureau exécutif du parti Convergence pour le développement du Mali (Codem) a tenu une réunion extraordinaire le mercredi 14 juin 2017 à son siège, à l’effet d’examiner des propos attribués au parti par voie de presse. Ces propos, en substance, affirmaient que le bureau national de la Codem a décidé de soutenir le président de la République, son Excellence Ibrahim Boubacar Kéita au-delà de 2018 ».
Ici, le pari de la Quenouille ne donne pas de précisions sur l’auteur des propos qu’il juge contraires à son mot d’ordre. La déclaration précise également que le CE à l’issue de cette rencontre réaffirme la résolution du 2e congrès ordinaire tenu les 13 et 14 mai 2017 à Bamako.
« Ladite résolution affirmait clairement que la position du parti Codem sur les élections de 2018 sera définie par la conférence nationale extraordinaire convoquée à cet effet. Avant la tenue de cette instance, toute déclaration contraire à la résolution du congrès n’engage que leurs auteurs. Toutefois, la Codem reste engagée à respecter son contrat de mandature et continue à œuvrer avec loyauté au sein de la majorité présidentielle », souligne le parti Codem.
Le moins que l’on puisse constater, c’est que cette déclaration est rendue publique, le lendemain de la conférence de presse tenue par un député du parti, Hadi Niangado. Ce dernier a laissé entendre le soutien indéfectible de la Codem aux actions du chef de l’Etat.
La fronde qui a commencé à gagner les rangs de la mouvance présidentielle fait penser au départ des partis ADP/Maliba et Sadi. Deux partis qui avaient soutenu durant trois ans le président de la République.
Alpha Mahamane Cissé

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