Alors que l’on croyait avoir vu le bout du tunnel sur le plan sécuritaire avec l’arrivée au pouvoir des colonels de surcroît hommes de terrain, c’est malheureusement le contraire que les maliens sont en train de vivre avec la recrudescence des attaques sur toute l’étendue du territoire.
De Kayes à Kidal, toutes les régions sont concernées par les attaques terroristes et sous le pouvoir des colonels.
Faudrait-il désespérer de notre armée ou blâmer les militaires qui font de la politique ?
Assimi Goita et ses compagnons d’infortune sont-ils conscients du danger qui guette l’intégrité territoriale et la forme républicaine et laïque du Mali ?
San, Dinangourou, Zegoua, Niono, Nioro du sahel, Dogofry, Farabougou, Kadiolo sont des localités en proies aux attaques terroristes violentes.
Comme pour dire que les attaques se sont non seulement intensifiées, mais aussi, elles se sont généralisées touchant tout le territoire du Nord au sud d’est en ouest.
A-t-on besoin de rappeler que la mission première d’un militaire est la défense de la patrie ?
L’armée malienne en prenant goût à la politique est en train de reléguer au second plan sa mission régalienne.
Notre outil de défense ne se porte pas bien. Les colonels en s’accaparant du pouvoir le 18 août 2020, devraient faire de la sécurité un de leurs défis majeurs.
Autant on peut reprocher à Alpha Oumar Konaré de n’avoir pas fait de l’école sa priorité en tant qu’enseignant, autant les colonels sont blâmables pour n’avoir pas assuré la sécurité, leur domaine de prédilection.
Pour le peu de temps qui leur reste, les colonels au pouvoir doivent s’impliquer pour que les conditions sécuritaires soient réunies afin d’assurer la circulation des personnes et de leurs biens.
Conditions sine qua non pour la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles.
Assimi Goita et ses frères d’armes ont une occasion idoine d’écrire l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire de notre jeune démocratie, en mettant en place une solide fondation permettant d’élever les autres parties de notre édifice commun.
Ils doivent faire leur, cette assertion de Franz Fano qui dit, je cite : « chaque génération a une mission bien déterminée, il lui revient de l’accomplir avec brio ou de la trahir ».
Assimi Goita et les siens vont-ils méditer cette affirmation ?
A la fin de la transition, ils seront jugés.
En somme, si tant est que le coup d’État est un acte imprescriptible, son acceptation par la vox- populi loin d’être un chèque en blanc, devrait permettre à ses auteurs de poser les jalons pour qu’il n’y ait plus de coup d’État au Mali. Ne sont-ils pas en train de rater ce tournant historique ?
Youssouf Sissoko