Le processus de paix au Mali traverse une rude épreuve avec les attaques terroristes complexes à l’endroit des Fama, la force régulière malienne, des casques bleus de la Minusma, la force onusienne au Mali, et des populations civiles. Rien qu’en ce début de mois de février, 4 attaques terroristes ont eu lieu dans le centre et le nord du pays. Bilan : 16 morts (2 civils, 8 militaires maliens et 6 casques bleus) et plus d’une trentaine de blessés. Le gouvernement malien, les groupes armés et l’Onu crient à un holdup du processus de paix au Mali qui a déjà du plomb dans l’aile plus de 8 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger.
Le vendredi passé, il y a eu deux attaques dans deux localités différentes au nord du Mali. A Kidal, très tôt le matin, le camp des casques bleus de la Minusma a fait l’objet d’une attaque complexe revendiquée par Ansar Eddine. 6 casques bleus guinéens, selon un bilan provisoire, y auraient laissé la vie et une trentaine de leurs camarades ont été admis à l’hôpital. Dans la même journée, à Tombouctou, trois militaires maliens perdent la vie dans une embuscade tendue par des terroristes. Une attaque survenue un jour après celle d’un poste de douanes, le jeudi 11 février, à Hombori. Bilan : un douanier et deux civils tués. Deux jours avant, plus précisément le mardi 09 février, trois militaires maliens sont morts lorsque leur véhicule a sauté sur une mine dans la région de Mopti. Le mardi 5 février, un officier de l’armée malienne a été tué dans l’attaque revendiquée par Aqmi, contre une base de l’ONU à Tombouctou.
Holdup du processus de paix par les terroristes ? Ces attaques ont été condamnées par les différentes parties prenantes au processus de paix au Mali. Après l’attaque du camp de la Minusma à Kidal, le nouveau représentant du secrétaire général de l’Onu au Mali, le tchadien Mahamat Saleh Annadif, a condamné l’acte qui s’est produit deux jours après son passage à Kidal. Selon lui, cet acte grave traduit le désarroi du camp des ennemis de la paix, car il intervient au moment précis où la mise en œuvre de l’Accord de paix devient de plus en plus une réalité au Mali. Ban Ki moon, le secrétaire générale de l’ONU, lui aussi, a réitéré «la détermination des Nations Unies à soutenir le gouvernement malien, les parties signataires de l’accord de paix et le peuple malien dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables.»
Les deux principaux groupes signataires de l’accord de paix d’Alger (la Plateforme et la CMA) qui cogèrent désormais la ville de Kidal, ont, dans un communiqué, rappelé «que ces actions visent à entraver la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, en le privant de l’appui et de l’accompagnement international. »
Le jour de l’attaque de Kidal, Ibrahim Boubacar Keïta, le président de la République du Mali qui recevait Jochim Gauck, le président Allemand, a déclaré : « Il faut qu’on trouve une solution à ce problème. Kidal ne peut pas rester une localité où les agressions sont commises quotidiennement. Et que la communauté internationale et moi-même restions presque impuissants à regarder cela. Non cela n’est pas possible ».
Quid de l’accord de paix ? Malgré l’optimisme affiché par le gouvernement malien, l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus de paix d’Alger, plus de 8 mois après sa signature, ne connaît pas de réelles avancées. Et si les groupes armés signataires ont trouvé des arrangements pour une gestion commune de la ville de Kidal, l’insécurité galopante gagne du terrain. L’Etat malien est toujours absent dans le septentrion. Le comité de suivi de l’accord d’Alger est, aussi, confronté à des blocages.
Le cantonnement des groupes armés n’est pas toujours effectif. Les groupes armés continuent à se plaindre de la lenteur dans la mise en œuvre de l’accord. «Plus de 8 mois après sa signature, cet accord connait encore et toujours un retard et une lenteur d’application préjudiciable à la confiance dans sa mise en œuvre, cette confiance qui reste à notre avis indispensable à la réussite de sa mise en œuvre. Force est de constater à cet égard, qu’aucun délai prévu par l’accord et les différents chronogrammes mis en place par le CSA n’ont été respectés», explique Ahmed Ould Sidi Mohamed, le secrétaire général du Mouvement arabe de l’Azawad, membre de la Plateforme et signataire de l’accord.
La responsabilité de cette situation, selon lui, incombe autant aux autorités maliennes qu’aux médiateurs et garants de l’accord. « L’absence d’une volonté politique sincère dans l’application de l’accord, le retard et la lenteur autant à l’élaboration et l’application des textes législatifs réglementaires, voire constitutionnels, le déficit de concertation et d’implication de toutes les parties dans la conception des actes majeurs de la mise en œuvre et bien d’autres aspects importants compromettent dangereusement l’application diligente de l’accord», a-t-il déclaré.
Madiassa Kaba Diakité