Dans cette perspective, voulant sûrement prendre le taureau par les cornes, la direction de campagne, mise en place par le candidat Dramane Dembélé quelques jours seulement après sa désignation, et le comité exécutif (CE) du parti aux couleurs rouge et blanc, affichent désormais leur détermination commune à circonscrire, par tous les moyens, une éventuelle dislocation de cet acteur majeur de la vie politique nationale du Mali démocratique qu’est l’Adéma/PASJ.
Une initiative que l’on ne peut objectivement qualifier de trop tôt quand on sait qu’elle vise à résoudre des problèmes qui n’auraient jamais dû se produire si tout le monde avait accepté de jouer pleinement et entièrement sa partition dans la préservation de l’intérêt supérieur du parti et du Mali. Mais, comme le dit l’adage « mieux vaut tard que jamais ». Tant que l’on peut éteindre le feu qui couve, il faut le faire avant qu’il ne se propage surtout si l’on n’est pas certain de pouvoir le maîtriser par la suite.
C’est presque lapalissade de dire que l’Adéma/PASJ est sorti très affaibli, tout du moins assez ébranlé, des dernières primaires que le parti majoritaire au Parlement a organisé du 12 mars au 14 avril derniers en vue de désigner son candidat à l’élection présidentielle de juillet prochain. A ce sujet, tout a été dit, écrit ou presque. Avec 19 postulants au départ, le CE et la conférence d’investiture du 14 avril 2013 ont respectivement entériné le choix consensuel de Dramane Dembélé comme porte-étendard des Abeilles à la présidentielle de juillet prochain.
Mais aussi bien pendant le processus de désignation qu’après et ce malgré l’onction de légitimité conférée par sa validation en conférence nationale, le choix continue jusqu’aujourd’hui à susciter de nombreux commentaires et manifestations d’humeur au sein de la famille Adéma. De nombreuses démissions avérées ou non sont annoncées dans plusieurs structures du parti. Parmi celles-ci, on peut citer celle du 5e vice-président, Soumeylou Boubèye Maïga, qui défraie la chronique actuellement.
Beaucoup d’autres cadres et militants du parti seraient dans l’expectative en attendant de franchir le Rubicon par rapport à leur soutien effectif et un engagement militant derrière le choix de Dramane Dembélé, dont la légalité et la légitimité ne peuvent souffrir aujourd’hui d’aucune contestation justifiée selon les sages de la Commission de bons office (CBO) après que les membres du CE ainsi que les 19 candidats à la candidature aient fait le serment de s’aligner sur leur choix qui qu’il soit.
Malgré donc quelques sauts d’humeur et états d’âme mal contenus, désormais, l’heure est aux tentatives de recoller les morceaux autant que se peut dans la Ruche. Selon toute vraisemblance, la tâche ardue à laquelle le tout nouveau directeur de campagne choisi par Dramane Dembélé, le candidat investi du part, en l’occurrence Harouna Cissé, semble inscrire comme action prioritaire pour la réussite de sa mission.
En effet, secrétaire général de la section VI du district de Bamako, considérée à juste raison comme la section pilote du parti compte tenu de ses résultats engrangés au fil des différents scrutins que le Mali démocratique a connu ces 20 dernières années, le choix d’Harouna Cissé apparaît comme guidé par la raison et l’objectivité.
« Contre mauvaise fortune, bon cœur »
De l’avis de certains militants, l’homme possède des qualités humaines incontestables. Humble, discret mais aussi présenté comme très efficace dans l’action et ayant le sens de la mesure en toutes circonstances, même les plus complexes, le tout nouveau directeur de campagne du candidat de l’Adéma/PASJ semble avoir pris la pleine mesure des défis majeurs, multiples et multiformes qui se posent aujourd’hui au parti de l’Abeille solitaire dans la réalisation de ses ambitions de reconquête du palais présidentiel de Koulouba. C’est pourquoi dès sa nomination le 18 avril dans cette fonction, il a entrepris un vaste chantier de réconciliation et de rassemblement autour des valeurs du parti d’abord et ensuite derrière le candidat investi.
Les tractations vont bon train et tout porte à croire que l’heure n’est peut-être pas encore au retour total de l’union des cœurs et des esprits, mais les signaux sont encourageants. Ils vont également dans le sens d’un apaisement de la situation d’antagonisme créée par le vrai-faux conflit générationnel que d’aucuns ont voulu instaurer à dessein au sein du parti dans le seul but d’assouvir des intentions inavouées.
C’est ainsi qu’un chronogramme d’activités de pré-campagne a été élaboré et dont la mise en œuvre s’est traduite déjà par une série de rencontres avec des candidats à la candidature, des personnalités morales reconnues comme telles au sein du parti, les femmes et les jeunes, entre autres. Tout cela dans une parfaite coordination entre la direction de campagne et le CE qui reste en la matière le principal maître d’ouvrage de la mobilisation de l’extraordinaire machine électorale que l’Adéma a de tout temps été.
Le clash annoncé et redouté par de nombreux observateurs de la scène politique nationale serait-il en train d’être jugulé définitivement au sein de la famille rouge et blanc ?
En tout cas, le sens élevé de la responsabilité, dont a fait montre le président par intérim du parti, Ibrahima Ndiaye, lors des cérémonies d’ouverture et de clôture des travaux de la dernière conférence nationale d’investiture, ainsi que les petits pas, combien opportuns et utiles, que le directeur de campagne a entrepris depuis quelques semaines, sont des preuves évidentes que les grands partis politiques disposent toujours de ressources nécessaires pour sauver ne serait-ce que l’essentiel du moment.
Aujourd’hui comme hier, le Mali a besoin de partis politiques crédibles au sein desquels l’alternance peut se jouer valablement sans que cela ne conduise inéluctablement à ébranler toutes les valeurs et idéaux de démocratie, de justice, de solidarité et de progrès social pour tous qui sous-tendent toutes leurs actions et leur unique raison d’être.
Sans tirer de conclusions hâtives et prématurées quant à l’issue que ces démarches pourraient avoir, l’initiative semble tout au moins salutaire pour l’avènement d’un climat sociopolitique serein et apaisé à la veille d’un scrutin si capital que notre nation toute entière ne peut se permettre de rater.
Car, de la réussite de ces élections, il y va de la survie et de l’avenir du Mali en tant que nation solide, laïque, véritablement républicaine et résolument tournée vers le développement et la prospérité au profit de l’ensemble de ses filles et fils sans exclusive et sans exception aucune.
Bréhima Sidibé
L’ Indicateur Du Renouveau 2013-05-07 15:18:50