Le sommet extraordinaire de la CEDEAO qui vient de se tenir à Accra a étalé davantage les divergences de vue entre les dirigeants de l’organisation. Et le cas malien devient un casse-tête dans la perspective du prochain sommet ordinaire du 3 juillet
Même si la rencontre s’était penchée sur la situation socio-politique née des coups d’Etats en Guinée-Conakry, au Burkina Faso, au Mali et même sur la stabilisation de la Guinée Bissau, la crise malienne a a plus retenu l’attention des dirigeants ouest-africain dans la capitale ghanéenne.
Et sur ce dossier malien, les chefs d’Etat ont manifesté une divergence de vue, qui a poussé à ne prendre aucune décision telle que précédemment attendue. C’est ainsi que la conférence a décidé « d’inviter le Médiateur au Mali à poursuivre ses efforts en vue de finaliser les discussions avec les Autorités de Transition ». Avant de se prononcer pour le maintien des sanctions imposées depuis le 9 janvier contre le peuple malien.
Et, selon des indiscrétions découlant du sommet, les présidents du Ghana, du Niger et du Nigéria se sont montré très hostiles aux ambitions des autorités maliennes de prolonger la transition sur au moins deux ans. Ils se sont inscrits dans la ligne dure n’offrant qu’une petite rallonge de 16 mois à Bamako pour aller aux élections de retour à l’ordre constitutionnel normal. Et ils insistaient que ce délai couraient à compter de février 2022, ne laissant alors qu’une courte durée de 12 mois à peine au pouvoir malien (issu des coups d’Etats du 18 août 2020 et du 23 mai 2021) de passer la main à des autorités civiles légitimes.
En outre, l’autre groupe des dirigeants de la CEDEAO était plus clément, plus ou moins sensibles au plaidoyer du facilitateur togolais, le président Faure Gnassingbé. Celui-ci a réussi à faire accepter une prolongation de 18 mois courant à compter de ce mois de juin à ses pairs, pour permettre aux dirigeants malien du moment d’organiser des élections après quelques réformes prioritaires. Il semble que c’est cette position qui est dominante avec à la baguette le président sénégalais Macky Sall, le Béninois Patrice Talon, l’Ivoirien Alassane Ouattara, qui a entre-temps « ajouté de l’eau à son gnamakoudji d’hostilité à Assimi Goïta ». Sans compter les uns et les autres ont presque tous appelé à la mise en place d’un nouveau gouvernement au Mali ; même si certains dirigeants ont rejeté cette demande.
Par ailleurs, les présidents de la CEDEAO sont à couteaux tirés à propos de la perspective d’une levée immédiate des sanctions en cas d’accord avec le pouvoir malien ou d’une levée progressive de ces mesures de contraintes contre le Mali. Et, c’est cette cacophonie qui a fait que le sommet a finalement décidé de maintenir le statu quo, le maintien de ces sanctions afin de permettre aux autorités maliennes de manifester plus de bonne volonté dans la perspective du processus électoral en préparation. Et c’est en cela que le dossier malien devient un casse-tête pour les dirigeants ouest-africain dans la mesure où le chef de la Transition malienne, le Colonel Assimi Goïta ne veut céder ç aucune pression extérieure entachant la souveraineté de son pays. Sauf qu’il peut redouter une pression intérieure du peuple de certaines forces vives du pays, qui veulent visiblement que ces sanctions injustes et inhumaines soient rapidement levées pour permettre aux populations de souffler face aux nombreuses difficultés socio-économiques du moment. Kassoum TOGO