Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, pour ceux qui le connaissent, l’avaient trouvé un peu plus inspiré dans sa mission à l’ONUCI. On se demande si M. CHOI, le diplomate sud- coréen sous les ordres de qui il a servi, se reconnaîtrait en lui tant il excelle aujourd’hui dans la défense de ce que le porte-parole de l’ONUCI avec panache avait dénoncé hier, notamment les manœuvres anti-démocratiques de Gbagbo. La junte malienne se rend-elle coupable des mêmes obstructions à la bonne marche de l’Etat, en défiant la communauté internationale, M. Toure ne manque jamais de mots pour les absoudre.
C’est ainsi qu’il nous apprit au journal télévisé du 08 juin 2012, que la junte n’allait pas se dissoudre mais se fondre dans une structure qui aurait vocation à accompagner le gouvernement dans la réforme de l’armée pour la reconquête des régions du Nord de notre pays et la préparation des élections.
Deux remarques: la première, ce n’est pas faire injure aux putschistes que d’affirmer que peu d’entre eux pour ne pas dire personne ne réunit les compétences pour réformer une armée. Une chose est de savoir faire le coup de canon sur le palais de la république (un bon artilleur de 2ème classe y arriverait), une autre est de réfléchir au format d’une armée, à la définition de ses mission et moyens opérationnels.
La seconde remarque, c’est de relever que le Ministre de la Défense, sans être du coup d’état, reste tout de même un choix de Kati, de même que le chef d’état-major général; alors pourquoi n’iraient-ils pas proposer leur lumière au ministère et à l’état-major qui n’ont pas être doublés dans ce qui représente leur raison d’être.
On peut faire la même observation pour la préparation des élections. Que l’on sache le ministère de l’administration territoriale, qui est au cœur du processus, est dirigé par un membre éminent de la junte. Pourquoi ses frères d’armes ne le rejoindraient-ils pas à son cabinet pour alimenter sa réflexion et l’aider dans sa mission?
Il n’y a donc aucune raison objective de créer une « structure » qui viendrait parasiter le travail de deux ministres faisant partie du quota de la junte dans le gouvernement. Plus grave, si le but, comme cela semble maintenant évident, c’est de caser les » autres », le projet devient moralement insupportable. Qu’y a-t-il à récompenser dans les suites du coup d’état dont chacun peut mesurer les conséquences sur l’image de notre pays, sur notre vie quotidienne et sur notre souveraineté?
Au fait, il n’est superflu de demander qui est-ce qu’on va récompenser? Un Malien, un seul d’entre nous, à-t-il connaissance des membres de la junte? Si oui, on aimerai voir publier la liste nominative.
Et tous ceux qui ont pensé que la junte, même si on pouvait être en désaccord avec elle, poursuivait des buts politiques et éthiques dans son putsch, devront se préparer à raser les murs.
Ce que l’annonce des récompenses à de pénible, c’est le discrédit sur le gouvernement de transition qui fait la preuve de sa totale inféodation à Kati. Deux mois après sa mise en place, on a du mal avec la meilleure des volontés à l’endroit de l’équipe de M. Diarra, à trouver des raisons de croire qu’elle sera à hauteur de mission.
Bien curieusement, les deux seuls moments où le gouvernement de transition fait preuve « d’imagination », c’est lorsqu’il fut question du projet de loi portant amnistie pour les putschistes et leurs associés (les députés peuvent ils nous dire si une liste était jointe au projet), le même enthousiasme est mis aujourd’hui à la création d’une commission de recasement.
Un observateur de la Couronne Britannique avait eu ces mots sur Sa Gracieuse Majesté: » la Reine ne fait rien, mais elle le fait bien ». Nous on veut un gouvernement de transition qui fait des choses qui font du bien à la démocratie. L’équipe actuelle n’en prend le chemin, fondant ainsi la demande du FDR d’en changer pendant qu’il est encore temps.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Rneouveau 11/06/2012