Djiguiba Keïta dit PPR, secrétaire général du Parena : Il faut un gouvernement de mission pour organiser les élections
Nous devons saluer la fin du règne du général Modibo Sidibé. Ce gouvernement était devenu tellement carrent, tellement non opérationnel que le président bien avant aujourd’hui devrait mettre fin à la mission de cette équipe. En parlant de bilan, nous disons que les douze premiers mois, il a tenté de faire des choses et d’autres mais après c’est de l’immobilisme et du replâtrage qu’on a vu comme le fameux forum sur l’éducation. Parce que bien avant lui, le forum sur l’éducation avait été fait. Au Mali, les maux sont connus, il faut la volonté politique pour les réaliser. C’est aussi simple que ça. Il faut le courage politique, assez d’audace, assez d’esprit inventif, assez de passion révolutionnaire même. L’éducation c’est vraiment l’échec patent. Si le Mali veut se redresser, on doit se donner une politique éducationnelle où l’enfant malien apprend et peut servir son pays.
Du point de vue du Parena, c’est un gouvernement de mission qui doit être mis en place pour organiser les élections présidentielles et législatives de 2012. Et une seule tâche doit être confiée à ce gouvernement pour le salut de notre pays, c’est la bonne organisation de ces élections. Tout autre activisme institutionnel est voué à l’échec. C’est l’occasion de dire au président de la République de faire extrêmement attention. Si c’est vrai ce que l’ancienne porte-parole du gouvernement, chargé des relations avec les institutions a dit, qu’ils veulent déposer le projet de révision constitutionnelle sur la table de l’Assemblée nationale, le 4 avril, que le président ne le fasse pas parce que ce n’est pas à l’ordre du jour.
En un an, ce n’est pas possible d’organiser la révision constitutionnelle et de faire de bonnes élections. Le président, pour sortir grandi, avec tout ce qu’il a fait pour notre pays, doit consacrer les 12 derniers mois à bien organiser les élections de 2012. Tout autre chose qui amènerait le peuple à être distrait, ce n’est pas bon. Le gouvernement, sa coloration est de la souveraineté du président de la République. Comme l’Assemblée ne joue pas son rôle, sinon le poids de chaque groupe parlementaire doit préfigurer au gouvernement. Mais des partis qui ne représentent rien ont des représentants alors que des partis qui sont sur le terrain n’ont rien. Mais encore une fois, la seule mission qui doit être confiée à ce gouvernement, c’est de commencer, dès demain, ce qu’il faut pour organiser de bonnes élections parce qu’on n’a pas de fichier électoral. On ne souhaiterait pas tomber dans le ridicule du Bénin ou dans la tragédie de la Côte d’Ivoire.
* Younouss Hamèye Dicko, président du RDS : A-t-on le temps des réformes ?
Je pense qu’il faut saluer le changement de gouvernement et féliciter le président de l’avoir fait parce que c’est une chose que les Maliens attendaient depuis un moment. A force de parler, cela a entrainé un certain immobilisme dans l’action gouvernementale.
Le gouvernement qui va venir doit être le deuxième gouvernement de mission du président ATT. Le premier gouvernement de mission a bien mené les élections de 2002. Je pense qu’aujourd’hui il a besoin d’un nouveau gouvernement de mission et d’engagement pour lui permettre de prendre un nouvel élan. C’est un gouvernement qui a une extrême importance malgré le temps qui est court et c’est peut être précisément parce que le temps est court qu’il va falloir mettre en place un gouvernement d’expérience. Il ne s’agit pas de gouverner à long terme mais de gouverner en toute connaissance de cause, avec des priorités connues, qui peuvent être réalisées dans dix mois. Le système éducatif doit être une priorité pour le président ATT. Il est l’ami des enfants. C’est un système qu’il faut absolument réorganiser.
En ce qui concerne les élections, c’est tout aussi fondamental. Il est important qu’on dispose d’un fichier électoral acceptable. Ce qui peut permettre de dire à quoi ça servi tous les textes que nous avons fait pour améliorer les élections. Nous voyons tout ce qui se passe autour de nous. Dieu nous a épargné cela jusqu’à présent mais quand il y a des épidémies qui peuvent se propager partout. Ce que je ressens, c’est qu’il y a des hommes et des femmes qui sont préparés à ne pas se laisser souffler les voix que les électeurs leur ont données.
Les reformes institutionnelles sont opportunes, nécessaires. Cela fait partie de l’évolution des hommes et des textes qui les régissent. Mais un problème va se poser : est-ce qu’on a le temps ?
* Ousmane Sy, secrétaire politique de l’Adéma-PASJ : Priorité, le ficher électoral
Notre pays a besoin de reformes profondes mais malheureusement celles attendues n’ont pas été faites. Il s’agit des reformes institutionnelles. On n’a pas senti que le gouvernement était engagé. On n’a rien vu bouger. Par exemple, la décentralisation qui est un domaine que je connais, ce gouvernement n’avait aucune initiative dans ce secteur. La première priorité du futur gouvernement est l’organisation des élections de 2012. Il faut travailler sur le fichier électoral. Est-ce que le Ravec est suffisamment avancé pour pouvoir tirer un fichier électoral de ses résultats ? Il indispensable aussi de faire face à la stabilité du pays dans une région complètement instable. Il y a la Côte d’Ivoire et le nord du pays. Il faut également faire face à l’amélioration des conditions de vie des populations notamment sur le plan alimentaire et le pouvoir d’achat.
* El Hadj Mahmoud Dicko, président du haut conseil islamique : Pour des élections apaisées et crédibles
Il est difficile pour moi en temps qu’individu de donner un bilan. Tout le peuple malien doit apprécier. Mais s’il s’agit de ma personne je pense que c’est un peu mitigé quand même. Il y a beaucoup de secteur où ils pouvaient faire mieux.
Le nouveau gouvernement doit être un gouvernement de mission à partir du moment où on sait qu’il reste une année pour élire un nouveau Président et qu’il prenne fonction, il n’y a plus de temps à perdre. Il faut certainement faire en sorte que le fichier électoral soit un bon fichier, que les élections se préparent très bien et que nous puissions avoir des élections apaisées, qu’il n’y ait pas de contestation avant pendant ou après les élections. Il faut l’éviter parce qu’on voit ce qui se passe aujourd’hui à travers le monde. Donc il faut mettre le bouchon double pour que les élections puissent vraiment se faire dans la quiétude et la tranquillité.
C’est difficile de demander à un gouvernement qui n’a qu’un an de résoudre les problèmes sociaux. Maintenant il faut résoudre les problèmes essentiels sont l’échec peut faire basculer tout le pays : ce sont les élections. On ne peut pas leur demander de faire de très bonnes élections et aussi de résoudre des problèmes sociaux, en tout cas s’ils n’ont qu’un an à faire. Bien sûr avec les problèmes quotidiens parce que c’est une équipe gouvernementale. Mais l’essentiel pour nous, pour moi je veux dire, c’est vraiment de faire en sorte qu’on fasse des élections crédibles transparentes, apaisées qui doivent préserver la paix et la quiétude dans le pays.
Cheick Oumar Sissoko, Président du Parti SADI : « Le nouveau gouvernement doit préparer les élections de 2012 »
Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Modibo Sidibé a un peu trop duré à la tête du Mali. Son bilan est très très négatif. Pour la simple raison que la gouvernance de Modibo Sidibé a été caractérisée par une absence totale de l’autorité de l’Etat. En plus de l’abandon de la souveraineté, c’est sous le gouvernement dirigé par Modibo Sidibé que l’insécurité a été étendue à tout le territoire malien. Pire, ce gouvernement, dont les membres étaient plus préoccupés par leur enrichissement personnel, a eu peu de souci pour les besoins fondamentaux des populations. Les quelques investissements improductifs pourront être salués par certains de nos compatriotes. Au regard de tout cela, le gouvernement qui va succéder à celui de Modibo Sidibé, devra avoir pour mission de bien préparer les élections de 2012. Il doit rapidement s’atteler à mettre en place un fichier électoral sérieux et conséquent pour de bonnes élections. Ce gouvernement doit engager une farouche lutte contre l’insécurité, le trafic des drogues et des armes.
Propos recueillis par Seydou Coulibaly et Assane Koné