Avec notre envoyé spécial
Lorsque le regard s’élève, la vue est à couper le souffle : le volcan Nyiragongo embrûmé, les collines cultivées en étages, mais dès qu’il redescend sur la petite tente où Sébastien, sa femme et leurs six enfants survivent, le paysage idyllique s’efface aussitôt. Sur le sol de pierre volcanique, un peu de farine de maïs. Entassés dans le fond, les objets d’une vie de déplacés.
Dans la nuit de samedi à dimanche, des soudards ont fait irruption. Le peu de nourriture dont Sébastien disposait pour sa famille a été emporté. Son voisin, André, fait le récit de cette nuit sans sommeil : « Il y a eu des envahisseurs qui étaient armés, qui sont venus nous piller encore. Je crois que c’est le M23. Les téléphones, quand on en avait, et le peu de farine qu’on nous avait offert, les habits, l’huile… Tout ce qu’on avait dans la maison, ils sont partis avec. Les gens ont été battus. »
Les habitants du camp racontent également que des jeunes ont été emmenés de force pour servir de porteurs aux pillards. Par chance, tous ces captifs semblent être revenus. Lisebi mène depuis quatre ans une vie en zigzag. La guerre l’a renvoyée de chez elle vers un camp, puis un autre, puis encore un autre. Elle ne se rappelle plus vraiment des dates, ni des lieux. Elle aussi a passé bien une mauvaise nuit : « Pendant la nuit, durant notre sommeil, les militaires sont venus. Ils ont tracassé les gens, ils ont tout pillé. Ils ont pris la farine, des vaches, l’argent, des chèvres, tout, même des casseroles et ils nous ont laissé comme cela avec les enfants. Et en plus, il y a eu de la violence contre les femmes… »
Lisebi emploie des mots pleins de pudeur. Six, peut être sept femmes ont été violées lors de cette nuit. Les Casques bleus, eux, ne sont arrivés qu’avec les premières lueurs du jour.
Par Rfi 02/12/2012