Depuis 2011, l’Institut national de la statistique (INSTAT) réalise, sur toute l’étendue du territoire national, l’Enquête Modulaire et Permanentes auprès des ménages (EMOP). L’opération est initiée avec l’accompagnement de la Statistique Suède et réalisée annuellement en quatre passages. Aux termes de chaque passage l’Instat produit un rapport résumé des indicateurs de suivi des programmes de développement. C’est ainsi qu’ont été obtenues les dernières données de l’Emop, contenues dans le rapport général 2015 et deux rapports d’étapes de l’année 2016. Dans un souci de partage desdits résultats, l’Instat a organisé, le 10 février 2017, un atelier de restitution, à la Maison des ainés de Bamako.
«L’information statistique est au centre de tout processus de planification. Elle est indispensable aux pouvoirs publics dans le cadre de la formulation, du suivi et de l’évaluation des politiques de développement économiques et sociales». Ce plaidoyer émane du directeur général de l’Instat, Harouna Koné devant un parterre de personnalités, responsables ou représentants de structures du Système statistique national (SSN) et des partenaires techniques et financiers.
Cadre propice pour une explication des enjeux de l’Empo. «Les micro-données ainsi que les indicateurs produits par l’Emop sont fréquemment sollicités par les institutions nationales et internationales » mais aussi « les chercheurs indépendants utilisateurs de données statistiques dans le cadre des études ou des recherches», a indiqué Harouna Koné. Et le président de la cérémonie d’ouverture dudit atelier de restitution, Modibo Dolo, conseiller technique au Ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Population d’indiquer: « sans les données fiables de la statistique, il n’y a pas de développement».
Dans le rapport 2015, l’incidence de la pauvreté est estimée à 47,2 %, mais elle est encore plus accentuée en milieu rural avec 53,1 %. Sikasso est considéré comme la région la plus pauvre avec une incidence de 65,4 % tandis que le district de Bamako s’en sort avec le plus faible niveau (11,2%). Tous les passages de l’Emop constate que l’alimentation et les boissons non alcoolisées occupent plus de 60 % des dépenses des ménages. Le rapport annuel 2016 estime par ailleurs la population malienne à 18 255 000 habitants. «Les opérations de 2016 confirment que le Mali a une structure familiale faite généralement de ménages de grande taille. La taille moyenne des ménages est estimée à 7,8 personnes. Elle se caractérise également par sa jeunesse, près d’une personne sur deux (49,8 %) ayant moins de 15 ans», indique l’Emop.
Concernant l’alphabétisation, les résultats montrent que 31 % de la population est alphabétisée, avec un écart perceptible entre hommes et les femmes (21,6 % contre 41,4 % respectivement). Pour les statistiques du marché du travail, les données de l’enquête modulaire et permanente auprès des ménages révèlent que trois personnes sur quatre (75 %) âgés de 15 à 64 ans sont actives.
Dans cette population active, le taux de chômage s’élève à 10,6 %. En ce qui concerne l’utilisation des Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication (NTIC), on estime à 84,8 % les ménages possédant le téléphone portable, tandis que seulement 10,6 % disposent de la connexion Internet. Très peu de ménages ont un ordinateur (3,7 %) et/ou un téléphone fixe (1,8 %). Rappelons que l’EMOP est une enquête d’envergure nationale, réalisée annuellement en quatre passages sur un échantillon estimée à 7200 ménages. Les résultats sont significatifs au niveau national, dans chacune des régions du Mali et le district de Bamako, ainsi que selon le milieu de résidence (urbain et rural). Les opérations de l’Emop couvrent des thématiques relatives, entre autres, à l’éducation, la santé, l’emploi, les dépenses de consommation des ménages, la sécurité alimentaire, la migration, ou tout simplement perception de la pauvreté par la population. Les informations recueillies servent à renseigner les indicateurs de conditions de vie de la population. Une tâche indispensable à la planification, au suivi et à l’évaluation des projets/programmes de développement du pays, en particulier ceux du Cadre pour la relance économique et le développement durable (CREDD).
H. B. Fofana