L’Observateur indépendant dénonce la faiblesse de communication et la distance croissante entre les parties
Le Centre Carter qui est l’Observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix au Mali a publié son premier rapport le lundi 28 mai 2018, lors d’une conférence de presse, tenue au Sheraton Hôtel de Bamako. Couvrant la période de la mi-janvier à fin avril 2018, ce rapport indique que malgré les retards, les parties signataires restent attachées à l’Accord.
Désigné en janvier dernier par le Comité de Suivi de l’Accord de Paix, le centre Carter, selon l’article 63 de l’Accord, doit contribuer à identifier de manière impartiale les blocages dans le processus de mise en œuvre du document et à recommander des mesures pour faire avancer sa mise en œuvre. Dans ce premier rapport, le Centre Carter ou l’Observateur indépendant salue des avancées, mais dénonce les lenteurs. Ainsi, le rapport de l’Observateur indépendant souligne que, si le retour récent de l’armée malienne et de la Plateforme dans la ville de Kidal pour participer à des patrouilles conjointes avec la CMA est un pas en avant, le progrès dans d’autres domaines a été plus difficile à réaliser. Aussi, au cours des quatre mois d’observation, l’Observateur indépendant a constaté que les parties n’ont pas respecté les délais qu’elles avaient eux-mêmes établis. Le Rapport trouve que le gouvernement malien a fait preuve de peu de consistance dans son engagement, tandis que la CMA et la Plateforme ont manifesté de la passivité et ont rarement pris l’initiative. «Parallèlement, le gouvernement n’a pas semblé suffisamment prendre en main la direction du processus de mise en œuvre et n’a toujours pas fournis les moyens, les structures et la stratégie nécessaires à ses responsabilités», note le rapport. Le document précise que l’effet de ces deux attitudes se trouve dans les raisons en constante évolution des Mouvements pour le refus de fournir des listes de leurs combattants et la longue liste des excuses du Gouvernement pour expliquer la non mise à disposition des Autorités intérimaires, installées depuis février 2017, des fonds nécessaires à l’accomplissement de leur mission.
L’Observateur indépendant indique cependant que la situation évolue dans ce domaine et souligne la faiblesse de communication avec le public malien sur l’Accord et son processus de mise en œuvre. Il note une distance croissante entre les parties et le public. Ainsi, les populations que ce soit dans le Nord, le Centre ou le Sud du pays, déplorent l’absence des dividendes de la Paix. Ce qui pourrait menacer de compromettre leur soutien à la mise en œuvre de l’Accord.Le rapport note aussi que «le Comité de suivi n’assume pas toutes les responsabilités que lui confie l’Accord, notamment celles de superviser et de coordonner le processus de mise en œuvre». Pour l’Observateur indépendant, le Comité de suivi se limite largement au suivi des actions des parties et cela au détriment de ses autres missions.S’agissant des acteurs de la Communauté internationale, l’Observateur indépendant pense que de leur côté ces derniers engagés au Mali avancent des investissements significatifs dans un contexte extrêmement difficile.
Enfin, le Centre Carter recommande plusieurs mesures pour faire avancer la mise en œuvre de l’Accord, notamment que les parties se concentrent sur la prise de décision plutôt que sur les ateliers préparatoires et les consultations. Le document préconise aussi aux parties de s’engager davantage auprès du public malien sur le processus de paix ; ce qui contribuera à orienter et ancrer la mise en œuvre du document. L’Observateur indépendant recommande au Comité de suivi d’utiliser pleinement les pouvoirs qui lui sont accordés pour aider les parties à mettre en œuvre l’Accord.
Dieudonné Tembely