Dans son dernier rapport 2016 sur le développement économique en Afrique intitulé «Dynamique de la dette et financement du développement en Afrique», la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) invite les économies africaines à recourir aux ressources intérieures et aux partenariats publics-privés. Car pour le rapport, les financements extérieurs ont considérablement alourdi leur dette extérieure.
Le rapport 2016 sur le développement en Afrique du CNUCED indique que chaque année, d’importantes sommes d’argent sont transférées illégalement hors du continent africain. Ces flux financiers illicites ont des effets négatifs sur les pays concernés. Car, ils limitent les ressources dont ceux-ci ont besoin pour leurs dépenses intérieures et leurs investissements publics et privés. Ils sont aussi susceptibles d’affaiblir la conduite des affaires publiques et ouvrent la voie à la criminalité transnationale organisée et à la corruption. Les flux financiers illicites et leurs coûts économiques constituent, par conséquent, un obstacle au développement des pays africains qui préoccupe beaucoup les décideurs. À ceux-ci s’ajoutent un grand nombre de mouvements de sorties de capitaux dommageables qui, sans être illégaux, échappent au pouvoir réglementaire de la plupart des pays désireux de récupérer ces fonds, par exemple auprès de paradis fiscaux extraterritoriaux. Ces mouvements de capitaux peuvent être tout aussi consistants et ont donc leur importance dans le contexte plus large du financement du développement du continent africain.
Selon le Rapport du Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique publié en 2014, ces flux peuvent atteindre 50 milliards de dollars par an. On estime qu’ils ont fait perdre environ 854 milliards de dollars au continent africain entre 1970 et 2008, soit 22 milliards de dollars par an en moyenne. Ce chiffre équivaut à peu près au montant total de l’aide publique au développement reçue par l’Afrique au cours de la même période (OECD, 2015b). Or, seulement un tiers de cette somme aurait suffi pour rembourser complètement la dette extérieure africaine, qui s’élevait à 279 milliards de dollars en 2008.
C’est dans ce contexte que la CNUCED révèle que l’Afrique perd des dizaines de milliards de dollars chaque année. Ainsi, pour elle, entre 1996 et 2014, la sous-facturation des exportations de pétrole du Nigeria vers les États-Unis a été estimée à 69,8 milliards de dollars, soit 24,9 % du total des exportations de brut vers ce pays. De plus, l’Afrique du Sud a subi les mêmes affres. Cela concerne 67 % de ses exportations totales d’or entre 2000 et 2014, soit l’équivalent de 78,2 milliards de dollars.
Par ailleurs, cette situation est signalée pour la Zambie dont une part est au-dessus de la moitié de ses exportations de cuivre entre 1995 et 2014, soit 28,9 milliards de dollars perdus dans les statistiques suisses. En outre, le rapport met en exergue quatre pays fortement dépendants d’un produit phare quant à leurs recettes. Contrebande, évasion fiscale, limitation des taxes douanières constituent des sources de problèmes. Et il faut y ajouter la sous-facturation au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en Zambie et en Afrique du Sud. Le cas du Nigeria est édifiant. Par ailleurs, la CNUCED épingle la Côte d’Ivoire. Car, entre 1990 et 2014, 31,3 % de ses exportations déclarées de cacao vers les Pays-Bas qui n’apparaissent pas du côté néerlandais. C’est l’équivalent de 5 milliards de dollars dans la nature. Ce manque à gagner impacte directement les budgets d’éducation et de santé de certains pays.
À l’heure où les besoins de financement du développement se font pressants, il conviendrait de réfléchir sérieusement à la manière de réduire sensiblement les flux financiers illicites et, partant, d’accroître les ressources financières intérieures.
A retenir enfin que le FMI a revu à la baisse les prévisions de croissance mondiale. Elle passe à 3,1% en 2016, contre 3,2% tel que projeté en avril dernier dans sa récente publication sur des perspectives de l’Economie mondiale. Concernant l’Afrique subsaharienne, la croissance s’établirait à 1,6% en 2016. Les prévisions étaient de 3,0%. En 2015, la croissance était de 3,3%.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com
Dans son dernier rapport 2016 sur le développement économique en Afrique intitulé «Dynamique de la dette et financement du développement en Afrique», la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) invite les économies africaines à recourir aux ressources intérieures et aux partenariats publics-privés. Car pour le rapport, les financements extérieurs ont considérablement alourdi leur dette extérieure.
Le rapport 2016 sur le développement en Afrique du CNUCED indique que chaque année, d’importantes sommes d’argent sont transférées illégalement hors du continent africain. Ces flux financiers illicites ont des effets négatifs sur les pays concernés. Car, ils limitent les ressources dont ceux-ci ont besoin pour leurs dépenses intérieures et leurs investissements publics et privés. Ils sont aussi susceptibles d’affaiblir la conduite des affaires publiques et ouvrent la voie à la criminalité transnationale organisée et à la corruption. Les flux financiers illicites et leurs coûts économiques constituent, par conséquent, un obstacle au développement des pays africains qui préoccupe beaucoup les décideurs. À ceux-ci s’ajoutent un grand nombre de mouvements de sorties de capitaux dommageables qui, sans être illégaux, échappent au pouvoir réglementaire de la plupart des pays désireux de récupérer ces fonds, par exemple auprès de paradis fiscaux extraterritoriaux. Ces mouvements de capitaux peuvent être tout aussi consistants et ont donc leur importance dans le contexte plus large du financement du développement du continent africain.
Selon le Rapport du Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique publié en 2014, ces flux peuvent atteindre 50 milliards de dollars par an. On estime qu’ils ont fait perdre environ 854 milliards de dollars au continent africain entre 1970 et 2008, soit 22 milliards de dollars par an en moyenne. Ce chiffre équivaut à peu près au montant total de l’aide publique au développement reçue par l’Afrique au cours de la même période (OECD, 2015b). Or, seulement un tiers de cette somme aurait suffi pour rembourser complètement la dette extérieure africaine, qui s’élevait à 279 milliards de dollars en 2008.
C’est dans ce contexte que la CNUCED révèle que l’Afrique perd des dizaines de milliards de dollars chaque année. Ainsi, pour elle, entre 1996 et 2014, la sous-facturation des exportations de pétrole du Nigeria vers les États-Unis a été estimée à 69,8 milliards de dollars, soit 24,9 % du total des exportations de brut vers ce pays. De plus, l’Afrique du Sud a subi les mêmes affres. Cela concerne 67 % de ses exportations totales d’or entre 2000 et 2014, soit l’équivalent de 78,2 milliards de dollars.
Par ailleurs, cette situation est signalée pour la Zambie dont une part est au-dessus de la moitié de ses exportations de cuivre entre 1995 et 2014, soit 28,9 milliards de dollars perdus dans les statistiques suisses. En outre, le rapport met en exergue quatre pays fortement dépendants d’un produit phare quant à leurs recettes. Contrebande, évasion fiscale, limitation des taxes douanières constituent des sources de problèmes. Et il faut y ajouter la sous-facturation au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en Zambie et en Afrique du Sud. Le cas du Nigeria est édifiant. Par ailleurs, la CNUCED épingle la Côte d’Ivoire. Car, entre 1990 et 2014, 31,3 % de ses exportations déclarées de cacao vers les Pays-Bas qui n’apparaissent pas du côté néerlandais. C’est l’équivalent de 5 milliards de dollars dans la nature. Ce manque à gagner impacte directement les budgets d’éducation et de santé de certains pays.
À l’heure où les besoins de financement du développement se font pressants, il conviendrait de réfléchir sérieusement à la manière de réduire sensiblement les flux financiers illicites et, partant, d’accroître les ressources financières intérieures.
A retenir enfin que le FMI a revu à la baisse les prévisions de croissance mondiale. Elle passe à 3,1% en 2016, contre 3,2% tel que projeté en avril dernier dans sa récente publication sur des perspectives de l’Economie mondiale. Concernant l’Afrique subsaharienne, la croissance s’établirait à 1,6% en 2016. Les prévisions étaient de 3,0%. En 2015, la croissance était de 3,3%.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com