Cette somme est le résultat de vérifications effectuées dans 16 entités en 2010. Le vérificateur général a noté que les principaux dysfonctionnements et irrégularités constatés portaient sur la non-perception des droits et taxes dus à l’État, les détournements des fonds et biens publics, les faiblesses dans la protection de l’environnement et l’insuffisance de la coordination des services publics impliqués dans la promotion de la femme.
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION:Des progrès notables, mais toujours de résistances nocives
Sidi Sosso Diarra a saisi l’occasion pour faire le bilan de son mandat de sept ans à la tête du bureau. Selon lui, le travail abattu par son équipe durant ces années a induit des changements de valeur et d’ampleur dans la gouvernance au Mali. Les résultats ainsi obtenus ont été accomplis par des femmes et des hommes qui, par leur engagement quotidien, ont permis au Bureau du vérificateur général d’être une entité active et productive, a estimé Sidi Sosso Diarra. Les travaux réalisés par l’institution, a-t-il analysé, améliorent la connaissance et le diagnostic des dysfonctionnements majeurs qui affectent la gestion publique, à savoir les faiblesses des systèmes de contrôle interne, la méconnaissance de la réglementation, les fonctionnements défectueux des systèmes informatiques, en particulier ceux de la chaîne des dépenses publiques et des recettes douanières, le non-recouvrement des droits et taxes.
A cette liste, il faut ajouter la liquidation des droits et taxes sur des bases illégales, le non-encaissement des chèques bancaires, la non-application des règles de transparence et de mise en concurrence des candidats aux marchés publics, l’absence de rigueur dans l’exécution des clauses des marchés, l’absence de cadre de performance. En tout état de cause, Sidi Sosso Diarra a souligné l’utilité du BVG. « Ayant eu l’honneur de le diriger pendant sept ans, je puis témoigner de sa grande utilité dans l’œuvre de construction nationale. J’ai pu me rendre compte de la pierre de touche qu’il constitue dans l’amélioration de la gestion publique. L’apport d’un outil comme le Bureau du vérificateur général ne saurait être cerné à travers le prisme réducteur des pertes financières révélées, mais plutôt dans les mutations qui s’opèrent progressivement dans l’organisation, le fonctionnement et le contrôle des services publics », a-t-il commenté.
Le vérificateur général a, en outre, attesté que l’indépendance d’action et de gestion qui a été octroyée à son institution, constitue sa principale force. « Cette indépendance, comprise comme l’aptitude de prendre des décisions sans influence, est la sève nourricière de la qualité de ses travaux. Elle devrait être maintenue, voire renforcée », a-t-il plaidé. Sidi Sosso Diarra a rendu un hommage sincère au chef de l’État pour avoir mis en place le Bureau du vérificateur général du Mali et surtout de l’avoir soutenu. « L’ouvrage que vous avez mis sur le métier il y a sept ans en me nommant aux fonctions de vérificateur général poursuit son parcours et il est heureux de constater que votre soutien lui reste indéfectible.
L’institution, en effet, concrétise l’un des vœux qui vous sont le plus chers, à savoir l’amélioration de la gouvernance publique s’appuyant sur une structure de contrôle innovante, inspirée par l’expérience du Bureau du vérificateur général du Canada », a indiqué le Végal. Sidi Sosso Diarra se réjouit du fait qu’en plus de l’adhésion des structures publiques, le peuple malien tout entier s’est approprié le concept de vérificateur général, suit ses travaux et veille sur les particularités qui en sont les forces.
INSTITUTION: ATT critique le Végal sortant
Lors de la remise du dernier rapport du Végal, mardi dernier à Koulouba, le chef de l’État n’a pas manqué de critiquer les polémiques ayant opposé le vérificateur général aux structures vérifiées, de l’étape des vérifications à celles des investigations ou même de l’instruction au niveau de la justice. « Je ne regrette pas d’avoir mis en place le Bureau du vérificateur général. Mais l’usage dont on en a fait ne m’a pas plu », a-t-il aussi indiqué. Le travail du BVG exigeant mesure et responsabilité, Amadou Toumani Touré estime que la structure ne saurait être « une scène de théâtre ou de spectacle ». Selon lui, le BVG, au delà de son rôle de contrôle, peut être utilisé pour éduquer, former ou même faire peur. Le président Touré reste cependant ferme sur la lutte contre la corruption et la délinquance dans notre pays. « Il ne s’agit pas de détourner le denier public et de dormir en prison. Tu manges, tu paies », a-t-il abruptement martelé. Le chef de l’État a tout de même salué des efforts consentis par Sidi Sosso Diarra durant ses 7 ans à la tête du bureau. « Vous avez conduit à bon port le bateau qu’on vous a confié », s’est-il félicité.
L’ Indicateur Renouveau 31/03/2011