La question du rapatriement des Maliens de Côte d’Ivoire n’est donc plus un sujet tabou, et le pouvoir régalien doit s’exprimer pour entamer le plus rapidement une opération ‘’na so’’, (ou retour à la maison). La situation des Maliens en détresse en Côte d’Ivoire est au centre des activités de deux structures de veille dont l’une à Abidjan, il s’agit de la Cellule de veille qui comprend l’Ambassade et le Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire. L’autre est à Bamako, il s’agit du Comité de veille qui est composé de plusieurs départements ministériels.
Ce Comité interministériel est composé du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère de l’Equipement et des Transports. La coordination en est assurée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
S’agissant de la question de rapatriement des Maliens de Côte d’Ivoire, il faut reconnaitre que jusqu’à une époque récente le Comité n’a pas jugé nécessaire de regrouper des Maliens de crainte qu’ils soient la cible d’une attaque, indiquent nos sources au département des Maliens de l’Extérieur.
Cependant depuis une semaine, l’Ambassade et le Conseil de base des Maliens de Côte d’Ivoire ont attiré l’attention sur l’affluence à l’Ambassade, à la faveur du règne de la terreur dans la ville. En fin de la semaine dernière, on signalait 200 Maliens à la Maison du Mali qui demandaient à renter au bercail. Maintenant, ils sont plus de 1000 personnes à se refugier à l’Ambassade.
Informé, le Comité de veille de Bamako a demandé à l’Ambassade des renseignements sur le nombre de Maliens prêts à rentrer, les coûts du rapatriement, l’itinéraire et les moyens de transport sur place. Depuis le lundi 21 mars, l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire a indiqué la présence de 20 000 personnes à rapatrier. Pour le Conseil de base des Maliens de Côte d’Ivoire, il s’agit de 50 000 personnes. A la demande de l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire, le gouvernement du Mali a donné son accord pour le préfinancement de l’opération par les opérateurs économiques maliens en Côte d’Ivoire.
Que commence le rapatriement !
« Un premier convoi de 70 bus pourrait quitter la Côte d’Ivoire dès ce jeudi ou vendredi», selon le Secrétaire Général du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mamadi Traoré que nous avons rencontré à son bureau. Il s’agit des bus de 55 à 60 places. Selon lui, l’Ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire est en discussion pour que le rapatriement se fasse sous la bannière de l’Organisation internationale des Migrations (OIM). Ce premier convoi représentera la phase test d’une vaste opération de rapatriement.
Par ailleurs, depuis la recrudescence de la crise ces dernières semaines, des Maliens ont commencé à venir par avion. Le département des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine a saisi le ministère de l’Equipement et des transports qui a réquisitionné les avions d’Air Mali. Les avions effectueront donc plus de rotation en destination de Bamako-Senou, et au besoin retourner vide à Abidjan pour ramener au bercail davantage de Maliens.
Tous les membres du Comité de veille ont été informés de l’opération afin que les différents départements informent leurs éléments sur le terrain pour faciliter le passage.
En outre, le ministre de l’Equipement et des transports a rencontré les opérateurs économiques maliens, à la demande du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, aux fins de déterminer la part de contribution qu’ils pourraient apporter. C’est aujourd’hui même que le Comité de veille se réunit pour entendre le ministre de l’Equipement et des transports sur les propositions qu’auront faites les opérateurs économiques maliens.
En 2002, ce sont quelque 23 000 Maliens de Côte d’Ivoire qui ont été rapatriés, selon le Secrétaire général du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine.
B. Daou
Le Républicain 24/03/2011
