A Roubaix, dans le Nord de la France, un ancien sans-papiers sénégalais devenu hôtelier accueille des personnes dans le besoin dans son établissement.
A l’accueil, derrière un petit sapin de Noël, El Hadj Gora Diop prend du temps avec chacun de ses clients. Depuis 20 ans, il est à cheval entre gérant d’hôtel et travailleur social.
« Ma philosophie, c’est le partage, l’entraide et une partie de don de soi, affirme El Hadj Gora Diop. « Puisque ce n’est pas que « hôtel, je l’ouvre, j’accueille des clients” – Non ! C’est des personnes qui ont besoin d’être aidées au quotidien. Ils ont besoin d’avoir un certain contact. Qu’on soit riche ou pauvre, chacun a droit à un toit. Ça y va de la dignité de l’individu. »
Quatre chambres sur cinq sont occupées par des personnes dans le besoin. Les services sociaux de l’État lui attribuent des SDF, des femmes isolées, des réfugiés ou encore demandeurs d’asile. Habib par exemple, il est Algérien sans-papiers. Avec sa femme et ses trois enfants, il est arrivé à l’hôtel il y a un an.
Pour lui, ici, c’est comme une grande famille :
« Tout se passe bien, dans le respect et tout. On est convivial. Tout le monde respecte l’autre. Ici, ce qui est bien c’est qu’ici, on est dans le même bateau.
Vous pouvez dire un foyer où on est un peu soudé. Même s’il y a la barrière de la langue. Ici, on ne voit pas de noir, de race, de religion, rien de tout. On se parle, même avec deux, trois mots mais on se comprend. »
Monsieur Diop part jouer tout naturellement avec le fils d’Habib, Yacine. Ça arrive souvent, raconte ce dernier : « Moi, ma femme, on le considère comme notre père. Même lui, il nous traite comme ses enfants. Il nous crie dessus là où il faut nous crier dessus, il nous encadre là où il faut encadrer, il joue avec nos enfants sans dire « non, c’est pas mon petit-fils”. De toute façon, même mes enfants le considèrent comme ça, comme un grand parent. »
El Hadj Gora Diop est aussi leur voisin. Pour pouvoir aider au mieux ses clients, il a lui aussi décidé de s’installer avec sa femme et ses enfants dans l’hôtel.
Niklas Mönch
Source: dw.com