Qui de l’adéma, du rpm, du mpr, cnid ou du pdes ?la ceni en passe de diviser la majorité présidentie

Si la Commission Électorale Nationale Indépendante a jusque-là épargné la majorité pro-présidentielle, elle aura déjà divisé la classe politique dans sons ensemble, notamment sur les proportions de représentativité de ses deux principales composantes. Et, en attendant l’ultime sentence annoncée cette semaine du côté du département de tutelle, le débat sur lesdits quotas créé un véritable malaise sur la scène politique ainsi que dans l’opinion. En cause, la part congrue attribuée à l’opposition par l’écrasante majorité occasionnée par le dernier remaniement ministériel.

Réduite en effet à sa plus simple expression avec seulement trois parlementaires à l’Assemblée Nationale, les opposants déclarés au pouvoir, en vertu d’une lecture faite de la loi électorale par le camp adverse, n’aurait droit qu’à un seul représentant à la CENI sur la dizaine de sièges à répartir entre les partis politiques. Si les composantes de la majorité présidentielle sont unanimes sur une telle interprétation de l’équité à laquelle allusion est faite dans les dispositions légales afférentes à la CENI, ce n’est point l’entendement de SADI. Pour preuve, la formation à laquelle devrait revenir l’essentiel des parts de l’opposition dont Oumar Mariko est la locomotive incontestable -, l’aaccueilli avec une vive contestation que traduit le dépôt d’une liste où ses prétentions sont largement supérieures aux proportions à elle attribuées par la majorité.

Il n’en fallait pas plus pour enliser le processus d’installation de la CENI dans un vicieux litige, équation devant laquelle le MATCL et Kafougouna Koné n’ont pas encore fini de tourner le pouce. Mais, selon toute évidence, l’arbitrage du département de tutelle ne saurait plus tarder, sous peine d’empiètement irréversible sur les délais légaux d’installation de l’organe de supervision du processus électoral, le 15 Août prochain.

La sentence devrait tomber cette semaine, selon nos sources, au bout d’ultimes concertations entre le ministre Kafougouna Koné et les partis politiques sur la question.
Si lesdits échanges débouchaient sur un verdict tendant à revoir à la baisse les proportions de représentativité de la majorité à la CENI ce qui semble très plausible au regard du retard accusé dans la publication du décret y afférent -, ce ne sera pas pour contribuer au confort de la majorité présidentielle. En plus du malaise de redistribution des quotas que cela suppose, la nouvelle donne ne manquera pas d’exacerber une guerre des ambitions avant l’heure que se livrent les partis politiques liées par leurs seules affinités avec Koulouba.

– Qui de l’Adéma, du RPM, du MPR, du CNID ou du PDES ?
En s’accommodant d’un seul et unique siège pour plus d’une cinquantaine de députés à l’Assemblée Nationale, le Parti de l’Abeille, formation majoritaire à tous points de vue, pensait sans doute compenser cette concession numérique par la position la plus stratégique au sein la Commission Électorale Nationale Indépendante. Le PASJ vise notamment la présidence de l’organe de supervision électorale pour laquelle son Comité Exécutif a jeté son dévolu sur une personnalité taillée sur la mesure de la fonction, au regard de sa riche expérience professionnelle. Il s’agit de Moussa Amion Guindo , élu municipal de la Commune II et membre de la Section II des Abeilles, dont le choix se justifierait par un enviable maîtrise du rouage administratif.

Ce sont les qualités que les Adémistes ont privilégié contre les appréhensions et réserves de nombreux militants en Commune II qui retiennent de l’intéressé une personnalité politique très instable. Quoi qu’il en soit, les vertus professionnelles de Moussa Amion Guindo ne paraissent pas assez suffisantes pour étouffer dans

l’œuf une kyrielle d’autres ambitions naissantes à mesure qu’approche la date butoir d’installation de la CENI. Selon des sources bien introduites, d’autres formations politiques de la même majorité présidentielle ne renoncent pas
également à disputer la présidence de la Commission Électorale Nationale Indépendante pour le compte de leurs représentants respectifs. On y dénombre Me Malick Talibo Maïga du PDES, ainsi qu’un autre confrère du barreau, Me Cissé du RPM. À la différence de ces deux avocats, qui ont en
commun de vouloir diriger la CENI dès leur baptême du feu,le candidat du MPR, en l’occurrence Issaga Kampo, en est à sa deuxième représentation pour le compte du même parti. Outre ses con currents du PDES et du RPM, il aura à affronter l’ambition non moins tenace du représentant du CNID, Ousmane Théra.
Comme on le voit, une bonne demie dizaine des neuf représentants (encore incertains) de la majorité présidentielle pointent le nez pour la présidence de la CENI et la multiplication des réunions
informelles marque le début de manœuvres pouvant mettre à rude épreuve la fragile cohésion d’une entité politique unie par la seule allégeance de ses composantes au pouvoir en place. Car, à défaut de partager la poire en deux et d’en arriver à un consensus similaire au scénario ayant jusqu’ici prévalu, il n’est point exclu que l’objet de la convoitise, la CENI en l’occurrence, revienne à un autre larron de la société civile. Représentée à ladite institution par cinq (5) représentants du Barreau, de la CAFO, des organisations religieuses, de la magistrature et de l’AMDH, celle-ci pourrait bel et bien se piquer d’une tentation de réhabiliter l’ancien ordre en arrachant la direction des affaires à la classe politique.

A. Keïta

Aurore 08/08/2011