Les sondages en Afrique n’ont-ils pas souvent tendance à faire plaisir au président sortant ?
A l’occasion des joutes électorales, le lecteur lambda des publications paraissant dans nos pays est de plus en plus servi par les résultats de sondage d’opinion.
Il est vrai que les instituts de sondage foisonnent dans tous les pays du monde, qui pour déterminer les tendances et les scores des candidats, qui pour soupeser le degré de popularité de nos gouvernants. Le phénomène, qui est très courant en Occident, tend cependant à se propager à travers toute l’Afrique.
Bien que basés sur un système d’échantillonnage qui touche un nombre déterminé de citoyens, de professions et de localités, les sondages apportent de nos jours des résultats plutôt mitigés. La toute dernière illustration nous vient de la république sœur de Côte d’Ivoire où les candidats à l’élection présidentielle ne se sont pas privés de cet effet de mode.
Ainsi, sur la base de la liste électorale dite définitive, l’institut français TNS Sofres a réalisé, du 24 août au 3 septembre 2010, un tout dernier sondage commandé par la Présidence ivoirienne. Selon les résultats de l’enquête, Laurent Guiawily Koudou Gbagbo serait en tête au premier tour, avec 45% des voix, devant Henri Konan Bédié ( 26%) et Alassane Dramane Ouattara (25%).
Inutile de dire que ces prévisions ont été accueillies par l’opposition avec réserve et scepticisme. Et les résultats définitifs proclamés au premier tour par le Conseil constitutionnel ont de loin été différents de ceux de l’institut TNS Sofres : Laurent Gbagbo : 38,3% des suffrages exprimés ; Alassane Dramane Ouattara : 32,8% des suffrages exprimés ; Henri Konan Bédié : 26,9% des suffrages exprimés.
Dans la même foulée, l’institut TNS Sofres prévoit, pour le second tour de l’élection présidentielle : Laurent Gbagbo : 55%, face à Henri Konan Bédié : 61%, face à Alassane D. Ouattara. Il reste que ces données seront vérifiées à l’issue du scrutin du 28 novembre 2010.
Malgré leur caractère corrosif, les sondages d’opinion auront de beaux jours devant eux. Les puissants de ce monde continuent d’en user selon leurs desiderata, et les instituts de sondage, s’en trouveraient mieux à travers le monde.
Par Soumaïla B. Dramé
Le Coq 25/11/2010