L’incivisme est quasiment devenu emblématique du comportement de la plupart des citadins maliens. On se gare où l’on veut, on privatise les espaces publics à la moindre occasion et on insulte copieusement quiconque ose protester, même à bon droit.
A l’Hippodrome, après les garages informels, qui ont envahi nos supposés espaces verts, et les vendeurs de moutons, qui transforment tout le quartier en Garbal géant à l’approche de chaque Tabaski, ce sont désormais les gros porteurs qui colonisent le moindre espace libre, créant l’insécurité la nuit et l’impossibilité de circuler normalement à longueur d’année.
Au début, lorsque nous nous sommes inquiétée de leur prolifération, on nous a dit qu’il s’agissait d’une faveur accordée aux transporteurs mauritaniens, qui se garaient ainsi au plus près de leur ambassade.
Ensuite, vu l’accroissement exponentiel et débordant des gros porteurs, pas toujours immatriculés en RIM d’ailleurs, on nous fit savoir qu’une procédure était engagée pour les faire déguerpir légalement et qu’elle allait être exécutée sous peu.
Las, force est de constater qu’aujourd’hui, entre les immeubles inachevés de «Djiné» et l’ASACOHI, la large voie non bitumée et l’espace qui sépare le terrain du marché servent de parking aux camions et de lieu propice aux transbordements en tous genres, et à toute heure. Les résidents et les usagers ne savent plus ni à quel saint se vouer ni comment circuler. Tout est envahi.
Cerise sur le gâteau de ce laxisme des plus frappants, depuis quelques jours, un container rouge a élu domicile, en débordant sur la voie bien sûr, contre le mur d’enceinte du terrain de sports du quartier, qu’on avait pourtant débarrassé manu militari de tous les occupants encombrants et illégaux qui le bordaient, comme on peut le voir sur cette photo.
A qui appartient-il? Mystère et boule de gomme. Qui autorise les chauffeurs de camions à se garer sur ces sites? Dieu seul le sait. Qui sont ceux qui sont chargés de faire respecter la loi en la matière? Selon nous, tout d’abord les responsables de la Mairie de la Commune II. Pourquoi ne font-ils rien? Certainement par laxisme pour les uns, manque de conscience professionnelle pour certains et, malheureusement, pratiques de corruption pour la plupart.
Va-t-on, comme d’habitude, attendre qu’un gros sinistre se produise pour venir verser des larmes de crocodile et promettre «Plus jamais çà!»? Ou ces camions sont-ils au dessus des lois? En attendant, ce sont les usagers des voies de circulation, les propriétaires de Djakarta, les résidents et les piétons, dont nombre d’enfants, qui sont en grand danger.
Mais cela, c’est leur problème, nous répondra-t-on certainement, en ajoutant que ce qui appartient à tous n’appartient à personne. Tant que cela rapporte bien à qui de droit, circulez, ou plutôt stationnez, il n’y a rien à voir!
Ramata Diaouré
Source: Le 22 Septembre 25/06/2015