Je lui ai également demandé de rester dans son rôle d’élu. Il a mal pris cela et a proféré des propos peu aimables avant de m’agresser. Comme j’étais en légitime défense, j’ai riposté. Mon garde est ensuite venu à mon secours et l’a neutralisé. J’ai informé ma hiérarchie, qui a dépêché des gendarmes à Ouéléssebougou pour venir le cueillir dans mon bureau. Voilà ce que je peux vous dire pour l’instant».
Approché par nos soins dans la cour du Camp I de la Gendarmerie, l’Honorable Bourama Tidiane Traoré, le député mis en cause, le visage enflé, nous a donné une version de l’incident différente de celle du juge. «Je suis allé voir le juge pour me renseigner sur l’évolution d’un dossier foncier qui se trouve à son niveau. Je lui ai dit, dans son bureau, que, comme il concernait mon village, je pouvais lui apporter des informations complémentaires s’il en avait besoin.
Et puis j’ai ajouté que l’une des parties au dossier m’avait dit qu’il l’avait convoquée et lui avait demandé combien elle avait payé le géomètre qui avait fait le constat. Je lui ai dit ne pas avoir compris cette situation. Car, à ce que je ne sache, les honoraires d’un géomètre importent peu pour un juge. Il m’a alors répondu que, si je voulais en savoir davantage, il me suffisait de procéder à l’interpellation du ministre de la Justice.
C’est après qu’il m’a intimé l’ordre de quitter son bureau, avant de se mettre à me pousser vers la sortie. Comme j’étais un peu réticent face à cette façon d’agir, il m’a alors asséné des coups de poing. Mon chauffeur a assisté à une partie de l’altercation».
Hier, en début d’après-midi, le service d’investigation judiciaire est allé à Ouéléssebougou auditionner le juge Amadou Diadié Touré. Auparavant, le député Bourama Tidiane Traoré avait été entendu par les gendarmes du Camp I. Aux dernières nouvelles, il nous est revenu que le dossier serait transmis au tribunal de première instance de la Commune VI. Ce dernier pourrait juger l’affaire en flagrant délit dès ce jeudi 27 novembre.
Mais nous sommes en Afrique, et plus particulièrement au Mali, où la nuit pourrait porter conseil. De part et d’autre, des remises en cause, voire des excuses, pourraient intervenir entre les intéressés, par familles ou institutions interposées, c’est-à-dire entre l’Assemblée nationale et la famille judiciaire, pour tenter d’étouffer cette affaire. A suivre
Chahana Takiou et Yaya Samaké
Source: Le 22 Septembre 2014-11-28 00:07:46