L’on a coutume de dire que, lorsque la case du voisin brûle, qu’il faut l’aider à éteindre le feu. Cependant, dans le domaine des relations internationales, cette expression semble perdre quelque peu de son sens. En effet, comment par exemple, le Mali peut-il aider à calmer ce qui semblait être un printemps arabe à la sauce algérienne ? Car, l’on ne sait pas encore comment réellement qualifier ce qui s’y passe.
Malgré un état de santé extrêmement fragile et son âge avancé, Abdel Aziz Bouteflika entendait bien briguer un cinquième mandat à la faveur de l’élection présidentielle censée se tenir le 18 avril prochain. C’était sans compter sur la grande ferveur populaire portée par la jeunesse du pays qui veut un changement de régime. La mobilisation populaire ne faiblissant pas, vendredi après vendredi, Bouteflika fini par renoncer au pouvoir. Une nouvelle qui fut accueillie par des scènes de joies dans les principales villes d’Algérie. Mais, une joie qui céda très vite la place à la méfiance et à la suspicion quand Bouteflika ajouta qu’il reportait la date de l’élection présidentielle. Une seule question se trouvait alors sur toutes les lèvres : pourquoi ? Quelques jours plus tard, au sein de l’opinion publique, l’on craint une manœuvre machiavélique tendant à prolonger le bail du président en place. Les théories ne cessent de fleurir, et la méfiance aussi.
Une chose est sûre, le clan présidentiel craint la colère populaire. Rappelons tout simplement qu’au début des contestations, Bouteflika avait promis, s’il est réélu, d’organiser de nouvelles élections au bout d’un certain avec en plus une série de grandes réformes. Une proposition qui n’enleva en rien la grande détermination des algériens à en finir avec ce régime, qui est devenu, pour beaucoup de fils du pays, la risée du monde. Egalement, les mises en grande de la très puissante institution militaire n’ont eu aucun effet sur les contestations populaires.
Au Mali, voisin de l’Algérie avec qui il partage près de 1 400, l’on regarde la situation de ce pays avec un grand intérêt. Le pays nord-africain a toujours été impliqué dans les processus de paix sanctionnant les accords entre le gouvernement malien et les rebelles du nord. Aussi, faut-il le rappeler, la partie septentrionale du pays a servi de décharges pour terroristes algériens fuyant la puissance de feu de l’armée après la décennie de sang.
Cela dit, l’embrasement de la situation générale dans ce pays, allant jusqu’à une situation que l’on pourrait comparer aux printemps arabes, arrange-t-il le Mali ?
L’on a assez souvent accusé Alger de double jeu. Sur son territoire, l’Administration de Bouteflika était intraitable avec ceux de ses fils qui avaient pris les armes contre le pays, alors que, dans le cas malien, elle prônait toujours la solution politique négociée. Un aspect de deux poids deux mesures qui rendait rouge de colère beaucoup de Maliens. Toutefois, si printemps il devait y avoir, qu’il se déroule sans accros et de manière la plus pacifique possible. Tout en priant que le prochain régime qui sera en place soit plus pragmatique dans ses relations avec le Mali. Car la position actuelle de l’Administration de Bouteflika envers la situation de la crise malienne, est qu’elle s’en lave les mains, concernant ces terroristes algériens, pourvu qu’ils ne retournent pas au bercail. Que dire alors du cas d’Iyad Ag Ghaly qui, selon le président IBK lui-même, se promènent des deux côtés de la frontière algéro-malienne en toute impunité ? Ce dernier semble jouir de la complicité passive d’Alger.
Ahmed M. Thiam
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