PROMOTION TOURISTIQUE   L’île Almamy Samory Touré au cœur d’un ambitieux projet au Gabon

A travers un dynamique partenariat public-privé, la réhabilitation de l’île
Almamy Samory Touré de Ndjolé (province du Moyen-Ogooué du Gabon)
est au centre d’un ambitieux programme de promotion touristique initié
par le gouvernement gabonais et l’Ong «Gabon nouvelle vision
touristique». En juillet dernier, cette dernière y a organisé une visite-
excursion avec la présence de la petite-fille (fille de son fils, Hadj Daouda
Touret) et présidente de l’Alliance des descendants et sympathisants
d’Almamy Samory Touré, Mme Yeya Touret.

Promouvoir le tourisme responsable et durable dans la province de province
du Moyen-Ogooué afin de générer des retombées économiques positives pour
les communautés locales et contribuer à la diversification des activités
économiques ! Tel est le principal objectif visé par le projet de valorisation de
l’île Almamy Samory Touré de Ndjolé. La préservation de l’environnement
naturel de l’île et la sensibilisation à sa conservation dans le cadre de la
stratégie globale du Gabon en matière de protection de la biodiversité sont,
entre autres, objectifs visés.
Également connue sous le nom d’île Missanga par les Occidentaux qui
visitaient Ndjolé avant sa transformation en bagne en 1898, l’île Samory est
une étroite bande de terre d’une longueur de 500 mètres recouverte d’une
dense forêt. Elle est située sur le fleuve Ogooué. Au-delà de son nom
évocateur, selon des confrères gabonais, «cette île est un témoignage vivant
de l’histoire de la région et des échanges culturels qui l’ont façonnée. Elle offre
un potentiel touristique considérable. Ses attraits naturels et historiques en
font un lieu d’intérêt pour les amateurs d’écotourisme, d’histoire et de
découvertes culturelles».
On comprend alors la volonté des autorités de transition gabonaise de la
réhabiliter dans le cadre du Plan national pour le développement de la
Transition (PNDT). Piloté par le ministère gabonais du Tourisme, le projet est
financé à hauteur de 1,8 milliard de F CFA. Il sera réalisé dans l’esprit du
partenariat public-privé (PPP) avec notamment l’implication de l’Ong «Gabon
nouvelle vision touristique». Celle-ci a organisé en juillet 2024 une excursion
sur le site de Ndjolé (à 257 km de Libreville, la capitale gabonaise) où trône
déjà une stèle de l’empereur Almamy Samory Touré. Cette visite a vu la
participation de plusieurs dignitaires, y compris la représentation diplomatique
de la Guinée et l’ambassadeur du Mali au Gabon ainsi que petite-fille (fille de
son fils, Hadj Daouda Touret) et présidente de l’Alliance des descendants et
sympathisants d’Almamy Samory Touré, Mme Yeya Touret que nous avons
récemment rencontrée.
«Je suis heureuse d’avoir participé à cette initiative. C’est la première fois que
viens ici, au Gabon, il est était normal que je revienne sur les traces de mon
grand-père. Et cela d’autant plus que c’est mon papa qui a été chargé de

ramener la dépouille d’Almamy Samory Touré en Guinée», nous a-t-elle
confié. Et de reconnaître, «c’est donc avec une grande émotion que je me suis
retrouvée à Ndjolé, dans le cadre où Almamy Samory a vécu ses derniers
jours…».
«Au niveau de l’Alliance des descendants et sympathisants d’Almamy Samory
Touré, notre souhait est que ce projet se concrétise pour réveiller des
souvenirs et créer des liens intergénérationnels et inter-pays. Sa
concrétisation va aussi permettre que l’île ne tombe pas dans les oubliettes.
Cela n’est pas négligeable. Sans compter que, sur le plan touristique, le
Gabon peut y tirer de précieux dividendes pour son développement», a-t-elle
précisé. «J’espère que, dans les années à venir, cette visite sera mieux
organisée», espère Mme Yeya Touret.
Elle n’a pas manqué de remercier et de manifester sa reconnaissance ainsi
que celle de l’alliance qu’elle dirige aux autorités gabonaises et aussi à l’Ong
Gabon nouvelle vision touristique. «Je remercie les autorités gabonaises sans
qui cette rencontre n’aurait jamais eu lieu. Je remercie aussi les responsables
de Gabon nouvelle vision touristique pour avoir réussi à réveiller cette envie
de faire revivre l’île. C’est un projet salutaire à encourager parce que sa
réalisation va permettre à beaucoup de personnes à travers le monde de venir
se recueillir sur ce site historique. Cela est très très important».
Et sans doute que cette Ong ne peut avoir aujourd’hui une meilleure
ambassadrice que cette brave et dynamique dame pour faire le plaidoyer et le
lobbying autour de cet ambitieux projet. Elle est en effet résolument
déterminée à réhabiliter l’image de son papy. Une image écornée par les
colons à qui ce fin stratège a fait voir de toutes les couleurs pendant des
années de résistance.
Né vers 1830 à Miniambaladougou (actuelle République de Guinée) Almamy
Samory Touré est l’une des figures emblématiques de la résistance africaine à
la pénétration française. Celui qui était aussi surnommé «Kèlètigui» (chef de
guerre) est le fondateur de l’empire du Wassoulou qui s’étendait de Siguiri
(Guinée) aux régions méridionales de l’actuel du Mali jusqu’aux régions
forestières de la Moyenne Guinée avec deux grandes capitales qu’étaient
Kankan et Bissandougou.
C’est à juste titre que Samory Touré est considéré comme le dernier grand
chef noir indépendant de  l’Afrique de l’ouest et l’un des plus grands résistants
africains à la pénétration coloniale, à la fin du XIXe siècle. Le 29 septembre
1898, l’empereur est arrêté par le capitaine Gouraud  à Guélémou, dans
l’ouest de l’actuelle Côte d’Ivoire, et déporté sur l’île de Ndjolé où il mourut en
1900. Son arrestation est considérée comme l’achèvement de la conquête de
l’Afrique de l’ouest par les troupes françaises.
Moussa Bolly

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