Projet de redécoupage administratif et territorial du Mali: Le gouvernement s’est tiré une balle dans le pied

La rébellion des villes s’organise

Le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation a initié un projet relatif au découpage administratif et territorial du Mali.

Au total, de nouvelles régions ont été créées sans tenir compte des dissensions et limites sociales anciennes observées et tolérées par les pères fondateurs du Mali et le colonisateur.

Au finish, le projet divise les Maliens et suscite une vague d’indignations à l’intérieur du pays.

Ce fameux découpage fait du bruit sur la toile, dans les régions, ainsi que dans les familles. L’analyse du projet laisse entrevoir deux camps : le POUR dans une écrasante majorité et le CONTRE très minoritaire.

Le portrait-robot laisse apparaître que le gouvernement soutient ce projet et que la population, dans sa grande majorité, le conteste.

Même les enfants de la République constamment chéris (CMA) y sont opposés. 

Avec ce découpage, le Ministère de l’Administration divise les ethnies en opposant les familles les unes contre les autres. 

À Bamako, les familles fondatrices s’entredéchirent. Celles de la commune 1 (Sikoroni) s’opposent à l’idée de découpage territorial tentant de les unir à celles de la commune 2 (Niaré et Touré). 

Les mêmes familles se voient comme des ennemis et on en arrive désormais à un point de non – retour où elles ne s’adressent même plus la parole !

Dans le centre du pays, le nouveau découpage est rejeté en bloc car les intéressés trouvent qu’ils n’ont pas été associés au projet qui semble plus diviser qu’unifier.

Les régions de Gao et de Tombouctou ont, à l’unanimité, foulé au pied le projet car elles considèrent qu’il est fait sur la base d’une injustice et estiment donc qu’elles ne peuvent cautionner ce soi-disant découpage.

À Kidal, la CMA, qui devrait normalement accueillir le projet à l’applaudimètre, est en larmes, considérant qu’elle aussi n’a pas été associée par le gouvernement à sa conception.

Bref, le projet est rejeté par les populations. Dès lors, il est préférable qu’il soit retiré par le ministre, à défaut, qu’il fasse l’objet d’une concertation nationale.

S’il s’entête à vouloir adopter son bébé, il risque d’écourter la vie de la transition, car les populations sont plus que jamais déterminées à faire échec au projet. 

En concrétisant ce projet, l’appareil d’Etat sera encore très militarisé. Les préfets des arrondissements, des cercles et les gouverneurs des régions seront probablement des militaires en fonction.

Ce sera une stratégie pour les militaires de maîtriser pendant longtemps l’administration malienne. 

Ce projet crée également plus de circonscriptions électorales au profit de la CMA, l’accord d’Alger est donc en train d’être mis en œuvre. 

Un autre schéma se dessine peu à peu : les contestataires à ce projet tenteront très certainement de rejoindre le M5 pour combattre le gouvernement de la transition.

Il faut aussi noter que certains s’apprêtent à sortir contre les coupures intempestives et le calendrier électoral.

Le gouvernement sera acculé et sans soutien, seul contre tous.

En tout cas, le peuple est prêt à faire face au Ministre de l’Administration Territoriale qui, d’habitude consulte avant de fausser compagnie. 

En somme, comme schématisé, le Ministre a placé une bombe et le gouvernement détient le déclencheur.

C’est sûr que l’Exécutif va se suicider.

ABDOUL AZIZ O. DIALLO

Source: Matinal