En quatre ans, des dizaines de puits de carottage sont apparus sur ces terres de cultures vivrières. L’exploitation minière proprement dite n’y a pas encore débuté. Mais le groupe canadien « Rockgate » poursuit la phase d’exploration pour déterminer les meilleurs gisements et leur profondeur. Ce n’est plus qu’une question de mois, dit-on. Pour les habitants, mobilisés contre cette opération minière et regroupés au sein de l’ARACF (Association des ressortissants et amis de la Commune de Faléa), le temps presse. Dans le cadre de ses activités de plaidoyer dans le but d’un renoncement au projet par le gouvernement, l’Association a noué un partenariat avec la Fondation Rosa Luxemburg.
La première phase, qui vient de prendre fin, a vu la mobilisation de la bagatelle de 15 millions de F CFA. A ce jour, explique le coordonnateur du programme, les activités programmées ont été exécutées à 100 %. « Toutes les actions visent à constituer un solide rempart contre le pillage effréné des ressources du pays par les investisseurs capitalistes internationaux », précise Nouhoum Kéita, au cours d’une conférence de presse bilan tenue mercredi dernier au siège de l’ARACF. Mobilisation des élus L’ARACF s’est mobilisée dans le but d’aider les populations et les élus à rester maîtres de leur destin, à choisir et à mettre en œuvre leur propre mode de développement, respectueux de leur culture et de leur environnement, a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter que pour renforcer les capacités techniques des populations, des autorités traditionnelles et communales, l’association a mené plusieurs activités, notamment une série d’ateliers d’information et de sensibilisation des populations sur les activités des industries extractives et sur les effets secondaires nocifs consécutifs aux activités de prospection et d’extraction de l’uranium. « Notre programme a permis aux populations de se préparer à participer en parfaite conscience à la prochaine consultation publique exigée par la loi », a indiqué Nouhoum Kéita.
Il ajoute qu’immédiatement après les formations, la sensibilisation sur l’uranium et ses conséquences, les élus du cercle de Kéniéba se sont prononcés contre le projet d’extraction de l’Uranium à Faléa. Quant au secrétaire aux relations extérieures de l’ARACF, Pr. Many Camara, il a rappelé que l’association n’est pas contre la volonté de l’Etat malien de diversifier ses activités minières.
Mais, a-t-il indiqué, l’ARACF est opposée à l’extraction de l’uranium de Faléa pour tout le risque que cela comporte pour les populations et sur la richesse de la biodiversité dans la localité. « Pourquoi ne pas abandonner le projet d’exploitation de l’uranium pour se consacrer à l’exploitation de l’or, du diamant et de la bauxite qui offre des potentialités estimées à 450 millions de tonnes », s’est interrogé le Pr. Camara. Le militant de l’ARACF a proposé aussi le développement de la filière du bambou dont regorge la zone et le développement de l’éco-tourisme dans cette partie verdoyante de notre pays.
« Il faut un programme de désenclavement de la zone de Faléa afin qu’elle puisse développer son riche potentiel et nous allons nous battre pour le faire comprendre aux autorités », a-t-il déclaré. Le conférencier a jugé qu’il n’y a rien de rationnel dans la démarche du gouvernement malien qui veut coûte que coûte exploiter l’uranium à Faléa. Notons que le partenaire allemand Rosa Luxemburg, qui a déjà envoyé une équipe d’évaluation de la phase du programme, a décidé de renouveler sa confiance en l’ARACF pour une 2e phase.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du Renouveau 30/04/2012