On peut multiplier à l’infini les exemples d’accidents liés aux produits de contrefaçon, en commençant par les domaines les mieux connus jusqu’aux plus insolites comme ces accidents de voitures dus aux fausses plaquettes, de freins faits de sciures de bois et ayant causé en Russie la mort de 7 personnes. On se rappelle ces sardines avariées fabriquées tout près en Mauritanie et acheminées, il y a quelques jours, par containers entiers sur le marché malien. C’est pour cerner ce phénomène et voir comment l’endiguer que s’est tenu les 17 et 18 mai 2011 au Blu Radison Hôtel un atelier sur le commerce illicite des produits contrefaits dans les domaines de la santé et de la sécurité alimentaire.
L’atelier, présidé par M. Adama Konaté représentant du ministre de l’Industrie et du Commerce, a regroupé des juristes, des membres du Barreau malien, des agents de douane, de la police, de la gendarmerie, des experts de l’Organisation Africaine de la Propriété intellectuelle (Oapi), des représentants du gouvernement américain dont l’ambassadeur Gillian Milovanovic dont la mission dans notre pays arrive à son terme.
La contrefaçon couvre un large spectre de Produits
Les exemples cités plus haut ne donnent qu’une idée de l’ampleur du phénomène. Et l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car au Mali, la contrefaçon touche malheureusement tous les secteurs, à commencer par des secteurs sensibles comme les médicaments, les produits alimentaires, les vêtements, les pâtes dentifrices, la marque Signal en particulier, les cigarettes, sans compter la musique frappée de plein fouet par la piraterie. Divers médicaments sont particulièrement concernés telles que les marques Novalgine, Thiomphenicol, fluorcaril, Paracétamol….
Il est important de souligner que les pièces détachées de véhicules, les nourritures pour animaux domestiques, les jouets pour enfants contenant par exemple du plomb, les fers de construction de bâtiments, l’électricité dont les disjoncteurs, rallonges, les prises…de mauvaise qualité sont très dangereux car il sont à première vue inoffensifs pour les usagers, d’où les risques d’accidents.
Perte sèche pour les entreprises, forte contribution à la mortalité
L’imitation frauduleuse des produits et la fabrication de faux produits constituent aujourd’hui un fléau mondial qui touche aussi bien les pays développés que les pays en voie de développement. Rien que pour le paludisme, on estime, selon Mme Marianne Guérin Mc-Manus, représentante du gouvernement américain au cours de ce séminaire, que les médicaments contrefaits tuent 200.000 personnes dans le monde. La contrefaçon coûte en moyenne 500 milliards de dollars. Aux Etats-Unis, par exemple, la contrefaçon coûte rien qu’au secteur automobile environ 12 milliards de dollars américains et 200.000 emplois. En fait, la contrefaçon fausse le jeu de la libre concurrence qui est censé être le seul régulateur du marché.
Terrain de blanchiment de l’argent sale
Selon l’Organisation Internationale de la Police Criminelle (OIPC), les produits de contrefaçon rapportent dix fois plus de bénéfices que la contrebande et la distribution de drogue. L’activité attire naturellement les groupes mafieux à cause des gains faciles et le peu de risques de poursuites judiciaires encourus, contrairement au trafic de drogue par exemple. Les mêmes groupes mafieux se retrouvent là pour le blanchissement de l’argent sale amassé dans les secteurs de la contrebande et de la drogue.
Au terme de deux jours de conclave, l’atelier a d’abord permis de sensibiliser davantage les agents de douanes et de sécurité aux problèmes de la contrefaçon en tant que menace à la santé publique. Les participants ont accru leurs connaissances sur les méthodes permettant de mieux identifier les faux des vrais produits. Ils ont dégagé les voies juridiques et de coopération internationale en vue de mieux lutter contre la piraterie et la contrefaçon.
Boubèye Maïga
Le National 23/05/2011