Pour tout d’abord évoquer ses potentialités, notons que le Mali est reconnu comme un grand pays d’élevage. Pratiqué par au moins 80% de la population rurale, il constitue la principale source de subsistance pour plus de 30% des Maliens.
Le potentiel laitier, lui, a été estimé à plus de 2 milliards de litres en 2011, dont un disponible exploitable de plus de 600 000 000 litres, selon les données statistiques de la Direction Nationale des Productions et des Industries Animales, sur la base de l’analyse des paramètres bio-écomiques des troupeaux laitiers.
Malgré les effectifs du cheptel et le potentiel de production en lait, la consommation moyenne de lait par habitant et par an ne dépasse guère 12 litres dans notre pays. Un chiffre largement en deçà des 80 à 90 litres dans les pays développés et de la norme de 62 litres préconisée par la FAO. Pire, le Mali importe chaque année pour 15 à 20 milliards de FCFA en lait et produits laitiers pour couvrir les besoins de notre population.
Pourtant, le gouvernement a adopté en 2008 la Stratégie de valorisation du lait cru local. La mise en œuvre de cette Stratégie se traduit par le Projet de Développement et de Valorisation du Lait (PRODEVALAIT), qui en est à sa quatrième année d’exécution
La Stratégie de valorisation du lait cru local a pour objectifs d’accroître sensiblement la production locale de lait, d’assurer l’accessibilité et la collecte du lait local pour les industries de transformation et d’implanter à travers tout le pays des unités industrielles de valorisation du lait local. Au centre de cette stratégie, une grande place est donnée à la collecte et à la transformation du disponible laitier du Mali. Elle met également l’accent sur l’organisation de bassins laitiers à l’intérieur desquels la modernisation de la production laitière sera opérée.
A ce jour, ledit Projet, financé sur le Budget national, a réalisé et équipé 24 Centres de collecte de lait, de Kayes à Kidal. Quatre autres (toujours sur financement national) sont en construction en cette année 2012. «Cela contribuera à améliorer la collecte, la disponibilité et la distribution du lait produit et permettra aussi de procéder aux transformations sommaires» a noté le ministre Moussa Léo Sidibé.
L’un des piliers forts de la politique de modernisation mise en place par le gouvernement depuis 2008 est aussi la promotion de l’alimentation rationnelle des femelles laitières. Une alimentation qui valorise l’ensemble des ressources localement disponibles pour couvrir les besoins nutritionnels de la femelle en lactation. Selon les spécialistes, les effets inducteurs de cette modernisation demeurent l’amélioration du potentiel génétique des animaux et des conditions d’hygiène de production.
En dépit de ces acquis, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche a souligné «la préférence des industries laitières locales pour le reconditionnement et à la transformation du lait en poudre». D’où son appel «une concertation responsable s’impose alors entre tous les acteurs pour inverser cette tendance… J’en appelle à l’esprit citoyen des industries du lait».
Espérons que son message sera entendu. D’autant plus que les prix de cette denrée ont connu, ces dernières années, une flambée sans précédent.
Paul Mben
Le 22 Septembre 04/06/2012