Les participants exigèrent le procès verbal de la rencontre précédente qui « n’était pas prête » avait bredouillé le secrétaire général. « Pas de raison donc que nous restions là à vous écouter », s’indignèrent plusieurs leaders politiques. Puis, la réunion sera « ajournée » dans une ambiance quelque peu surchauffée. La prochaine, à en croire le communiqué diffusé dès vendredi soir, aura lieu demain sous la présidence effective du Général Kafougouna Koné. Dans un climat plus apaisé ? Voire. L’officier supérieur passe pour garder son calme en toute circonstance et il jouit naturellement de plus de respect que ses adjoints, en raison de son prestige personnel, de son âge et de son rang. Mais même lui préférerait d’autres rencontres que le tête à tête avec la classe politique. Car ces derniers mois, il dut se faire violence devant l’agacement des partis politiques par rapport au dossier électoral qui, pour eux, piétine.
C’est justement pour discuter des progrès enregistrés depuis l’arbitrage de la commission d’experts qui a proposé le Fichier électoral consensuel, une sorte de compromis entre le front Ravec et les partisans du Race, que le Général rencontre les partis. Une quarantaine de ceux-ci exigent toujours une dose de biométrie à défaut d’un fichier électoral intégralement issu du Ravec. Le gouvernement devra faire suite à leur requête.
Fichier électoral et chronogramme
Demain ? Kafougouna Koné marche sur des œufs, il le sait. Les partis peinent à se contenir. Les grands comme les petits. Les grands, s’ils ne disent encore publiquement rien, gardent cependant les yeux grandement ouverts et les petits se donnent plus de visibilité en exploitant le filon. Pour preuve : mardi dernier, même des partis dont la fidélité au président de la République ne font pas l’ombre d’un doute ont tapé du poing sur la table.
L’ordre du jour de l’importante session de demain, on le devine, sera unique : les échéances 2012. Mais c’est un dossier à tiroirs dont le fichier électoral. Où en sommes-nous ? La question n’est pas évitable et la réponse du ministre, non plus. Les partis avaient aussi exigé le chronogramme des élections. Pour deux raisons : se convaincre, car ils sont de plus en plus nombreux, à se demander si les élections sont vraiment préparées par le gouvernement, puis constater l’ordre des scrutins. Ce qui ne relèvera pas que du simple détail si les législatives précédaient la présidentielle. Donc un retour à l’ordre de 1992 qui nécessiterait cependant une dissolution du parlement actuel.
Ou si elles seront couplées avec la présidentielle. Ce qui supposerait non seulement que le référendum est tenu et est positif mais que la nouvelle constitution est promulguée pour permettre le mode de scrutin mixte qui est une des justifications entendues de la réforme constitutionnelle. Autre avantage, le chronogramme, s’il était donné ou discuté demain, permettrait de savoir si la consultation référendaire est toujours maintenue pour la fin de l’année, comme les plans initiaux le prévoyaient.
Ou si, par la force des choses, il serait retardé voire couplé avec la présidentielle ainsi que le diffusent déjà les initiés et la presse proche du pouvoir. Att la promulguerait aussitôt et le 8 juin 2012, le président entrant prêterait serment sur la constitution du 25 février 1992 révisé. Le schéma ferait deux victorieux : ceux qui, craignant le manque de temps, avaient demandé l’abandon de la réforme. Et le président de la République qui pourrait dire : la pression du temps était évidente mais l’insistance a payé.
Adama Thiam
Le Républicain 15/08/2011