Après les groupes armés, les leaders de la classe politique malienne, c’est au tour des Nations Unies de regretter les retards accusés dans la mise en œuvre de l’accord de paix issu des pourparlers d’Alger, six mois après sa signature. Le lundi 11 janvier 2015 lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali, Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a regretté les retards dans la mise en œuvre de l’accord de paix entre les autorités et les groupes armés du nord du pays. « Ces retards menacent la confiance qui s’est développée entre les parties signataires de l’accord de paix », selon Hervé Ladsous.
Six mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le processus de paix est toujours à la traine. Le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) est confronté à des sérieux problèmes à savoir : la composition de ses membres, le manque de budget, la non effectivité du processus de cantonnement des groupes armés… les groupes armés, signataires de l’accord de paix, accusent le gouvernement malien de trainer volontairement les pieds. Des leaders de l’opposition malienne, aussi, fustigent l’ « immobilisme » et le « manque de vision » du gouvernement malien dans la mise en œuvre de l’accord de paix.
Devant les Etats membres du Conseil de sécurité, le lundi passé, Hervé Ladsous a indiqué que le processus a continué de subir d’importants retards au cours des derniers mois. « Alors que des progrès ont été réalisés avec la validation de 11 sites de cantonnement et le lancement de la construction de deux d’entre eux au début de ce mois, ainsi qu’avec l’adoption des décrets établissant la Commission d’intégration et la Commission sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion le 29 décembre, il est regrettable qu’il n’y ait eu qu’une seule patrouille mixte à ce jour, le 14 novembre », a déclaré le chef des opérations de maintien de la paix. Selon Hervé Ladsous, même si l’établissement de la Commission justice et réconciliation a été une étape positive, les autres réformes politiques et institutionnelles doivent être encore mises en œuvre.
« Ces retards menacent la confiance qui s’est développée entre les parties signataires de l’accord de paix. », a estimé le haut responsable des Nations Unies. Dans ce contexte, la priorité, ajoute-t-il, était l’introduction d’arrangements administratifs provisoires dont dépend le retour des services de base dans le nord du pays. Hervé Ladsous a demandé que le gouvernement malien s’intéresse aux réformes institutionnelles de long terme, à commencer par la création des régions de Taoudeni et de Ménaka. « Le processus de paix naissant au Mali demeure fragile et confronté à des défis de taille.
Ces derniers mois ont démontré la détermination des groupes extrémistes à faire échouer le processus de paix. Les groupes extrémistes ont continué à intimider les populations et à attaquer les forces armées maliennes, l’opération Barkhane de l’armée française et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), non seulement dans le nord du Mali, mais aussi dans le centre et le sud du pays. Les groupes armés signataires de l’accord sont également ciblés », a déclaré Hervé Ladsous.
Avant d’ajouter : « Vous comprenez dans ces conditions l’urgence de la mise en œuvre de l’accord de paix. Seule l’opérationnalisation des patrouilles mixtes et du cantonnement peuvent être à même d’inverser la dynamique sécuritaire, même si les racines du conflit sont politiques et il n’y aura pas de solution pérenne en l’absence des réformes politiques et institutionnelles prévues par l’accord ».
Madiassa Kaba Diakité
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