Le procès intenté par la Cour constitutionnelle contre Boubacar Yalcoué, le directeur de publication du journal Le Pays, a été considéré comme un abus contre les médias. «Cest la loi même qui est mauvaise », a commenté Boubacar Dabo du journal Zénith Balé. Cétait le samedi 15 décembre 2018 à la faveur dune conférence de presse au siège de lAssociation des éditeurs de presse privés (ASSEP) dont le président, Bassiki Touré, a exprimé sa confiance à la justice malienne.
Selon Dabo, la loi sur le délit de presse est une mauvaise chose, puisquelle protège les délinquants qui peuvent porter facilement plainte contre le journaliste sachant que le procès en diffamation est complexe. Ils ne vont pas demander les preuves, a-t-il dit, mais les sources du journaliste comme on en a lhabitude au Mali, contrairement aux pays développés où le mis en cause est automatiquement poursuivi par la justice.
Et Dabo de rappeler laffaire Watergate aux Etats-Unis dans les années 1970 où larticle de presse a conduit à la démission de Richard Nixon, alors président de la République, sans quil ny ait un procès contre les journalistes. Il a également évoqué les affaires DSK, Juppé, Chirac et bien dautres en France qui ont été dabord évoquées par la presse.
Au Mali, cest parce que la presse est faible quelle fait lobjet de menaces par les puissants, a poursuivi Dabo. Le problème, cest quen diffamation, il est difficile de savoir ce qui porte atteinte à lhonneur dune personne, ce qui est une insulte ou pas. Celui qui porte plainte est seul à savoir ce qui porte atteinte à son honneur et généralement le journaliste a peu de chance.
Toutefois, les membres de lASSEP se sont montrés optimistes quant à lissue du procès dont le délibéré a été renvoyé au 27 décembre. «Nous avons tous suivi avec un intérêt particulier le déroulement des débats lors de la dernière audience le jeudi dernier. Nous saluons le professionnalisme avec lequel le tribunal de la commune V du district de Bamako a dirigé le procès jusquici. Cest le lieu de déclarer que nous faisons entièrement confiance en la justice malienne », a déclaré Bassidiki.
Par ailleurs, la presse malienne reste mobilisée pour que Boubacar Yalcoué soit dans ses droits et que les autres affaires puissent connaitre une évolution significative. « Nous restons mobilisés, hier comme aujourdhui, afin que notre confrère Birama Touré, porté disparu depuis deux ans, puisse être retrouvé », a indiqué le président de lASSEP.
Soumaila T. Diarra