L’assistance a d’abord eu droit à une passe d’armes entre les avocats de la défense que sont Mes Arouna Touré, Arouna Keïta, Mariam Diawara, Mohamed Aly Bathily, Yakouba Koné et Bréhima Konta, et leur confrère de la partie civile, Me Mamadou Boiré, autour de la légalité de la procédure. A force d’arguments et de démonstration, les avocats de la défense sont parvenus à obtenir la disqualification de Tiékoro Diakité dans ce procès. A cet effet, la plainte de Tiékoro Diakité a été jugée non recevable par le tribunal. L’argument péremptoire qui a valu le rejet de la plainte de Tiékoro, est fondé sur le fait qu’il n’est ni époux, ni héritier, ni légataire universel. Ce qui signifie que Tiékoro Diakité qui n’a pas l’une de ces qualités ne pourra plus intervenir dans le procès.
Vifs échanges entre Amadoudjicoroni et les héritiers du Dr. Faran Samaké
C’est après cette mise au point que le président du tribunal a invité l’inculpé Amadoudjicoroni à répondre des accusations à lui reprochées. Amadoudjicoroni a reconnu les faits. Il a dit être l’auteur des propos rapportés par les journaux « L’Indépendant » et « Le Challenger » suite à une conférence-débat tenue le 8 juillet 2010 à Nara où il était invité à parler de Modibo Keïta. L’inculpé a ajouté que lorsqu’il tenait ces propos, il ne visait pas du tout Faran Samaké. Il dit avoir révélé ce jour que « Modibo Keïta a été assassiné suite à une injection du Dr. Faran Samaké ». Maintenant, selon Amadoudjicoroni, il s’agit de savoir celui qui a demandé à Faran de prescrire l’ordonnance de la mort. « C’est ce X qu’il faut rechercher et c’est pourquoi j’ai demandé la comparution du général Moussa Traoré, qui connaît le X qui a tué Modibo, le X qui a tué Tiékoro Bagayoko et le X qui a tué le 26 mars 1991. Donc il faut qu’il soit là pour que toute la vérité éclate et c’est pourquoi, le procès doit continuer », a-t-il plaidé. Avant de se demander pourquoi les fils de Faran s’attaquent aujourd’hui à lui alors qu’il n’a fait que dire tout haut ce qui était connu des Maliens depuis longtemps ?
S’agissant de la partie civile, la fille du Docteur Faran Samaké, Fanta, a estimé que leur père était tellement généreux qu’il ne pouvait pas se permettre d’assassiner quelqu’un. Elle et Amadou se disent être dans leur droit de défendre la mémoire de leur papa, comme l’aurait fait n’importe quelle personne. Fanta Samaké a martelé qu’il n’y a pas de preuve palpable qui corrobore l’accusation portée par Amadoudjicoroni contre la mémoire de leur père. Et quand Amadoudjicoroni soutient que Dr. Faran Samaké s’est suicidé parce qu’il craignait que la vérité ne soit sue sur cette affaire, la fille de Faran répond que cela est faux, en ajoutant que leur papa est mort en présence de ses épouses et de son ami Tiékoro Diakité et par suite d’un problème pulmonaire.
Cette troisième audience de cette affaire hautement politique était celle des enseignements et pourrait présager d’autres débats houleux au tribunal de 1ère instance de la commune III à condition que le ministère public ne fasse plus de faux bond en « oubliant » encore de citer les témoins ci-dessus indiqués à la prochaine audience fixée au 15 mars prochain.
Abdoulaye Diakité
L’Indicateur Renouveau 12/01/2011