A l’ordre du jour de la séance plénière du mardi 24 mai 2016 de l’Assemblée nationale, les questions d’actualités adressées aux membres du gouvernement. Ces questions d’actualité portaient sur la mise en œuvre des recommandations issues des Etats généraux sur le foncier et l’éducation (déroulement de l’année scolaire et préparatifs des examens scolaires et universitaires). Ainsi, trois ministres étaient à la barre devant les députés. Il s’agit des ministres de l’éducation nationale, Pr Kénékouo dit Barthélémy Togo, de l’enseignement supérieur, Me Mountaga Tall et celui des domaines de l’Etat et des affaires foncières, Mohamed Aly Bathily.
Pendant que les ministre Togo et Tall ont été invité par les députés à faire tout pour sortir l’école malienne dans le marasme qu’elle est plongée tout en sauvant l’année scolaire, le ministre Bathily fut sommé d’assainir le domaine foncier tout en empêchant la spéculation foncière. Les travaux étaient dirigés par le président de l’hémicycle, l’honorable Issaka Sidibé en présence d’autres personnalités.
Le problème foncier est un véritable casse-tête actuellement au Mali. La spéculation foncière a atteint un tel niveau que si on n’y prend pas garde, cela risque de provoquer l’insécurité générale. Quand à l’école malienne, elle est malade, l’Institut universitaire de gestion (Iug) est en grève depuis des mois, le bicéphalisme au sein de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem), des enseignants sont sans salaire, des heures supplémentaires impayés, la rétention des notes par des enseignants, bref, l’école est dans le chaos total. Conscient de tout cela, les députés ont décidé d’agir. Ils ont interpellé les ministres concernés le mardi dernier pour trouver une solution à ces maux.
Selon l’honorable Mody N’Diaye du groupe Vigilance républicaine et démocratique (VRD), l’éducation est le premier secteur qui reçoit la part la plus importante de l’ensemble des allocations budgétaires de notre Pays avec plus de 300 milliards de FCFA. L’Education vient donc avant l’Agriculture, avant les Forces Armées et de Sécurité et bien évidemment avant le secteur des services sociaux. Pourquoi malgré ce sacrifice de tout un peuple, les maîtres, les professeurs, les élèves et étudiants débrayent régulièrement à cause des retards accusés pour le payement des heures supplémentaires, des trousseaux, des bourses? Les différents examens sont pour bientôt, et pourtant Monsieur le Ministre de l’Education certains enseignants ne perçoivent plus de salaire, à cause de la non maîtrise par l’administration scolaire de la gestion des mouvements de leur personnel.
S’adressant au ministre des affaires foncière, l’honorable N’Diaye a fait savoir que le cadastre, demeure encore un chantier pour lequel nous avons l’impression que le Gouvernement n’accorde pas l’importance qui sied. Comment donc comprendre que malgré son inscription parmi les actions prioritaires à financer sur les ressources issues de la Privatisation de la SOTELMA en 2010, son financement n’apparaît que cette année 2016 dans le collectif budgétaire en cours et cela à la faveur du report du dernier reliquat des ressources SOTELMA de 2015? Dites au peuple malien Monsieur le Ministre, ce que vous prévoyez pour la mise en place diligente du cadastre? Quelles sont les dispositions prises par votre département pour assurer la sécurité foncière dans notre pays, gage de l’attrait des investisseurs et de la stabilité sociale?
L’honorable Alkaïdi M Touré abondera dans le même sens. Vous avez reconnu à la télévision que malgré la mesure de suspension, des maires lotissent et antidatent leurs actes : quelles mesures avez-vous prises ou entendez-vous prendre face à ce chaos ? Dans la période de suspension, quelles amélioration avez-vous apportées et quels résultats avez-vous obtenus dans la lutte contre la spéculation foncière en dehors de vos sorties maladroites dans certains milieux paysans ? Pour sa part, le président du groupe parlementaire RPM, l’honorable Moussa Timbiné s’est indigné du fait que les terrains soient vendus comme des arachides. Par ailleurs, il a prôné le dialogue entre les acteurs de l’éducation. Il y a bicéphalisme au sein de l’Aeem, quel est le bureau reconnu par le gouvernement ?
« …Aucun bureau de l’AEEM n’est reconnu… »
Habitué de la barre au prétoire, le ministre Me Tall, cette fois-ci à l’hémicycle, a reconnu les problèmes à l’Iug, les problèmes des heures supplémentaires mais qu’il fera tout pour que l’année scolaire et universitaire ne soit pas compromise. Avant d’ajouter que la création d’une école d’excellence est en cours de réflexion. Il a mis l’accent sur la bancarisation des bourses d’étudiants, le système LMD (Licence-Master-Doctorat) qui est généralisé.
Avant de promettre que les diplômes seront délivrés. A l’en croire, l’Etat dépense 1 850 000 FCFA par an dans la location. Répondant à l’honorable Timbiné, ancien leader de l’Aeem, le ministre dira ceci : « Au moment où je vous parle, aucun des deux bureaux de l’Aeem n’est reconnu. Nous sommes en train de faire toutes les investigations de façon à ne pas nous tromper et à ne pas prendre une décision qui pourrait compliquer les choses par la suite mais bien évidement le moment venu, le gouvernement s’assumera ».
Quand au ministre Barthélémy Togo, il a souligné les problèmes des écoles communautaires, des écoles privées, le problème de gestion des enseignants des collectivités. Selon lui, 17 écoles dont la plupart sont des medersas fonctionnent dans la région de Kidal. Avant de rappeler la date des examens du DEF qui commence du 6 au 8 juin et celui du BAC du 16 au 18 juin. A ses dires, la double vacation est un mal nécessaire.
Pour sa part, le ministre Bathily a fait savoir que le droit de propriété est inviolable sauf expropriation pour cause d’utilité publique. Avant de mettre l’accent sur la relecture du code domanial et foncier. A l’en croire, la création d’une politique foncière est en cours. Le ministre qui s’est limité à répondre les questions faisant allusion aux Etats généraux sur le foncier a déploré le fait qu’un milliard soit affecté à la réalisation du cadastre au lieu de 33 milliards de FCFA. « Un cadastre se crée parce qu’on a les moyens », a-t-il dit.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain-Mali 26/05/2016