PROBLEMATIQUE LETTRE D’IYAD AG GHALI AU PRESIDENT DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE Quand Mahmoud Dicko donne raison à Tiébilé Dramé du PARENA

L’information selon laquelle le leader du groupe Jihadiste Ansardine aurait adressé une lettre au président du HCI, dans laquelle il prenait l’engagement d’un cessez-le-feu unilatéral avait fait les choux gras de la presse malienne, avant d’être démentie par une autre faction du même groupe. L’Imam Dicko joint par un confrère a affirmé être en contact avec Iyad Ag Ghali et a confirmé l’authenticité de la lettre par lui reçue, mais il se réserva le droit de donner autres détails avant de rencontrer qui de droit. Cette négociation longtemps prônée par l’Opposition à travers l’un de ses leaders en l’occurrence Tiébilé Dramé avait été rejetée par la Majorité sous le prétexte que Iyad était un Jihadiste et qu’on ne devait pas négocier avec un terroriste. Le Gouvernement a-t-il changé d’avis en autorisant l’Imam Dicko à explorer la voie du dialogue avec les jihadistes ? L’Imam Dicko vient de donner implicitement raison à Tiébilé Dramé, l’artisan visionnaire de l’accord préliminaire de Ouagadougou.
Aucun sacrifice n’est de trop pour la construction d’une paix durable surtout dans un pays comme le Mali qui a connu l’une des plus graves crises de son histoire en 2012. Mais malheureusement, le Gouvernement ne semble pas comprendre cela, d’où les multiples tâtonnements et colmatages depuis 2013. IBK devait s’estimer heureux après sa victoire au relan de plébiscite en 2013. Ce score presque « nord-coréen » est un chèque en blanc et une grande légitimité pour non seulement entreprendre les grandes réformes, mais aussi et surtout de solliciter toutes les intelligences de quelques bords auxquels elles puissent appartenir pour sortir le Mali de son impasse. Au lieu d’associer tous les acteurs à la recherche de solutions au sempiternel problème au nord, le Président de la République s’est plutôt « bunkérisé » dans sa tour tantôt à Sébénikoro tantôt à Koulouba en méprisant toutes propositions et initiatives de l’Opposition ou même de la société civile dont l’interprétation de ses propos a tantôt été compris par ses détracteurs comme une insulte à l’Opposition qu’il aurait qualifié de « Hassidis », de littéralement jaloux de son pouvoir. Le Président de la République est resté sourd au cri de cœur et de détresse de son opinion nationale pendant plus de trois ans. Aujourd’hui, face à la complexité du problème du nord, il est obligé de changer le fusil d’épaule pour minimiser les conséquences. Il semble finalement être favorable à la tenue des concertations nationales tant attendues et ne voit plus aujourd’hui d’un mauvais œil une négociation avec Iyad Ag Ghali et sa Katiba. L’initiateur étant son ami et grand électeur, Mahmoud Dicko, il est à parier que le Président de la République était au courant de cette initiative dès le départ. Et du coup, l’histoire donne encore raison aux partisans du dialogue avec Iyad et tous les jihadistes maliens pour convenir d’une solution malienne peut-être définitive à la grave crise qui secoue le nord, le centre et même une partie du sud.
En somme, toute initiative tendant à trouver une issue heureuse à la crise sécuritaire, doit être encouragée, voir même soutenue. La meilleure des solutions, n’est-elle pas celle qui est issue des pourparlers inclusifs entre maliens ? En tous cas, la souveraineté n’a pas de prix.
Youssouf Sissoko