Problématique foncière en Commune I Comment Transrail a bradé le patrimoine foncier de l’Etat

mohamed ali bathily

Au cours des discussions, le ministre Bathily, très éloquent, a fait savoir qu’il ferait respecter la loi en déguerpissant, voire en cassant les concessions de ceux qui sont dans l’entreprise des rails et du fleuve Niger, qui traverse la capitale malienne.

Apparemment très engagé à se conformer à la loi, le ministre des Domaines n’a même pas hésité à indexer certaines collectivités comme responsables de la violation de la législation en la matière.

C’est ainsi que la Mairie de la Commune I a été nommée comme étant celle qui a vendu les emprises des rails. Depuis la tenue de ce débat, auquel votre fidèle serviteur a participé, moult récriminations ont été enregistrées à notre niveau.

Nous avons entendu tout et son contraire. Alors nous avons enquêté pour nos lecteurs. Il ressort de nos investigations que le bradage, pas seulement de l’emprise des rails, mais de la gare ferroviaire du Grand marché et de celle de Korofina sud, sont l’œuvre de Transrail et non de la Mairie de la Commune I.

C’est une grande escroquerie que les dirigeants actuels de Transrail ont mis en branle pour brader le patrimoine immobilier de l’Etat. L’Etat a cédé cette société à des privés, à travers une convention de concession, pour une durée de 25 ans. Dans les clauses du contrat, Transrail doit développer le système, pour le rendre efficient.

Au lieu de cela, elle s’est livrée à une vente acharnée du domaine public. Les emprises du rail, dans le Grand marché de Bamako, sont vendues aux enchères. La société Oilibya, en l’occurrence, ne dira pas le contraire.

En Commune I du District de Bamako, la situation est criarde sur les deux routes nationales: celle de Koulikoro et celle de Sotuba. Les emprises des rails, aussi bien que l’immense cour de la Gare marchandises, ont été sauvagement morcelées et bradées aux opérateurs économiques spécialisés dans la spéculation foncière.

Ce sont des dizaines et des centaines de millions de nos francs que Transrail a recouvré à travers cette opération frauduleuse, au vu et au su de la tutelle, dont «la barbe a été mouillée». Nous avons tenté en vain de comprendre le bien fondé de ce bradage. En vain.

Tout au long des deux voies principales sont désormais érigés des immeubles modernes, des stations d’essence, des magasins commerciaux, des appartements, des bureaux et d’autres équipements marchands.

Transrail, à défaut de développer les rails, s’est mué en spéculateur foncier. Le richissime Bassékou Sylla, son frère Amadou Sylla, Mamadou Haïdara, Kassim Simpara, Adama Kouma, Baba Bathily et bien d’autres ont construit des immeubles spectaculaires, alors que Transrail dit avoir concédé les terrains de «façon temporaire».

Les preneurs, eux, construisent de façon durable et définitive. Quelle escroquerie! La direction de Transrail et le ministère des Transports n’ont pas voulu nous recevoir, en jouant au dilatoire.

Face à cette situation, la Mairie de la Commune I a donc sollicité le D.G de Transrail pour une autorisation d’installation d’équipements marchands au sein de la Gare routière, en janvier 2012. Celui-ci a donné son accord, ainsi que le Gouvernorat du District, qui avait également donné un avis favorable, suite à une enquête des services des Domaines et du Cadastre.

La Mairie a donc installé des commerçants sur son site, à travers un bail dont une partie des recettes va au Trésor public et l’autre dans les caisses de la Mairie, pour le développement de la commune. Comme vous le voyez, la Mairie n’a rien morcelé, elle a obtenu un site à travers Transrail. Ce qui n’est pas la vocation de cette entreprise.

La mairie loue sa superficie au profit de l’Etat et de la collectivité, alors que Transrail, qui joue à la spéculation foncière, enrichit des particuliers de façon illégale, puisque le domaine vendu est du ressort de l’Etat.

Le ministre Bathily est donc vivement interpellé, non seulement pour faire appliquer la loi, mais aussi et surtout pour rétablir la vérité et, au besoin, sanctionner les vrais fautifs. A suivre

Chahana Takiou

Source: Le 22 Septembre 29/05/2015