Après avoir taillé à sa mesure la loi électorale, qui autorise désormais un militaire qui souhaite se présenter aux élections de démissionner 4 mois seulement avant les scrutins, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que le Président de la transition a des ambitions présidentielles. Le Colonel Assimi Goïta, de peur de ne pas être rattrapé par son désormais tumultueux passé et pour protéger ses arrières après la transition, va vouloir s’accrocher contre vents et marrées au pouvoir en se faisant élire. Il n’entend pas lâcher du lest le pouvoir. Assimi Goïta mesure-t-il toutes les conséquences de sa candidature ? Ne Pourrait-il pas faire comme ATT en organisant des bonnes élections et se retirer quitte à être sollicité par le peuple ? Quels sont les probables dossiers qui hanteront le sommeil d’Assimi s’il n’est pas au pouvoir?
Les signes avant-coureurs d’une probable candidature du Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, sont clairement visibles. Il s’agit entre autres de la loi électorale taillée à sa mesure, ensuite des actions dites humanitaires, mais au relent politique et électoraliste, comme la réalisation des forages. En fin les différentes nominations qu’elles soient militaires ou civiles au sein de l’administration pour lui faciliter la victoire. En effet, cette candidature loin d’être une ambition pour le Mali ou de réaliser un quelconque projet de société, est simplement une réponse à un besoin de protection du Colonel qui serait rattrapé par son passé peu reluisant s’il n’était pas au pouvoir. Sa retraite, au lieu d’être dorée et tranquille comme celle de M’Bah N’Daou, serait plutôt un long fleuve trouble, car les dossiers qui pourraient constituer des faits à lui reprocher et qui sont susceptibles de poursuite et de jugement sont nombreux aujourd’hui. Parmi ceux-ci figurent en bonne place l’affaire Soumeylou Boubèye Maiga, Celle du jeune qui a voulu poignarder le Président de la transition à la grande mosquée de Bamako et qui est mort dans des conditions suspectes et si le nouveau Président élu veut chercher des failles dans la gestion de son prédécesseur fera un audit général. Que dire des actes commis par les FAMA sur le terrain que certaines organisations des Droits de l’homme qualifient d’exactions ?
S’agissant de l’affaire Soumeylou Boubèye Maiga, SBM, elle est consécutive à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires pour l’armée. Alors que l’affaire avait été close sans suite sous IBK. Au nom de la lutte contre la corruption les autorités de la transition l’ont déterré pour arrêter et incarcéré. Pour rappel SBM était ministre de la défense et des anciens combattant au moment des faits. Inculpé pour détournement des deniers publics, faux et usage de faux, l’ancien PM est mort en détention sans être jugé. Ses parents, amis et camarades du parti ont crié à l’assassinat et décident de porter plainte contre X. Cette affaire va être un véritable boulet rouge dans les mains du Président de la transition. Le deuxième cas est celui du jeune dit déséquilibré qui a voulu attenter à la vie du Président à la grande mosquée, ce jeune est mort sans que l’on ne sache toute la vérité dans cette affaire. Le Cas de l’illustre inconnu s’apparente à celui de Bira Touré, le journaliste qui avait disparu et dont le fils du Président d’alors IBK, à savoir Karim Keita avait été inculpé pour assassinat. Même si les parents du jeune déséquilibré mentalement, pourraient s’en remettre à la volonté divine, les hommes politiques en feront leur chou gras pour rendre la vie difficile à Assimi Goïta.
S ’agissant de probable malversations financières, le Président de la transition pourrait courir le risque d’être poursuivi dans l’achat des équipements des FAMA qui est devenue une affaire des militaires. En effet, le Premier ministre en répondant à une question relative aux sommes allouées à l’armée pour l’achat des équipements, a tout simplement répondu qu’il ne sait pas et que c’est l’affaire des militaires.
En somme, le Colonel Assimi Goïta est désormais dans un dilemme cornélien. Ce qui est mieux pour lui c’est d’abord de se réconcilier avec tout le monde. A commencer par la classe politique, ensuite la CEDEAO, l’Union Africaine, et même l’O N U, enfin il doit organiser les élections et rendre le pouvoir aux civils. C’est seulement cela qui pourrait lui éviter des lendemains troubles après la transition.
Youssouf Sissoko
Source: Alternance