Le Front pour la Sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques COFOP menacent de boycotter le Dialogue national si leurs doléances ne sont pas prises en compte. Avec cette nouvelle menace qui plane désormais sur le dialogue, le Mali est loin de voir le bout du tunnel. Car à cette préoccupation majeure s’ajoutent les multiples problèmes qui s’entassent au quotidien tandis que les solutions se font rares comme une goutte de pluie dans un ciel d’été. Que faut-il faire pour que ce dialogue, qui suscite tant d’espoirs, puisse se tenir avec la participation de tous les acteurs ?
Les deux regroupements politiques, à savoir le FSD et la COFOP, sont loin d’être les seuls à émettre de réserves quant à leur participation au dialogue national inclusif. Il y a également la coalition des forces patriotiques créée par Mme Sy Kadiatou Sow et qui est composée des partis politiques et d’associations de la société civile. Cette autre coalition dit suivre avec grande préoccupation le déroulement des travaux par le comité d’organisation composé de Baba Hakib Haidara, de Ousmane Issoufi Maiga et de Aminata Dramane Traoré. Pour Mme Sy et pour les leaders du camp de refus, il y a des préalables à leur participation. Comme les autres regroupements, elle dit subordonner sa participation à des préalables et tous veulent que ces préalables soient satisfaits, avant de s’engager. Pour eux, il serait hors de question de participer à un forum dont les résultats sont connus d’avance. Quelles pourraient être les raisons que le camp du boycott avance ? Et que pourrait faire le triumvirat pour le convaincre à y participer ?
Pour les leaders du FSD, de la COFOP et du collectif des partis et associations, le gouvernement et le comité d’organisation sont en train de travailler en solo, sans une large implication des forces vives de la nation. Ils soupçonneraient le comité d’organisation d’être de connivence avec le gouvernement et de se laisser guider par lui. Pour le camp du refus, les Termes De Référence, TDR, risquent de ne pas prendre en compte les aspirations légitimes du peuple. Ils estiment que ce dialogue, s’il est bien organisé, permettrait de débattre de toutes les questions de préoccupations majeures et serait un début de solutions à nos problèmes. C’est pourquoi ils exigent, et du gouvernement et du comité d’organisation, une forte implication des forces vives de la nation. A la question de savoir que pourrait faire le comité d’organisation pour que l’inclusivité qui semble être leur cheval de bataille puisse se réaliser ? La réponse est d’exiger du gouvernement une plus grande autonomie tant dans les choix des hommes que celui des TDR. Si cela est acquis, les organisateurs doivent s’atteler ensuite à l’élaboration des TDR sous la responsabilité du comité d’experts. Ce dernier collectera toutes les propositions pour ensuite en faire une synthèse. Il soumettra ensuite cette synthèse au comité d’organisation qui se fera le devoir de transmettre et au gouvernement et à tous les regroupements politiques et associatifs afin de faire les derniers amendements et améliorations. Cette étape serait suivie de la publication de la première mouture des termes de référence dans la presse et cela par souci de transparence et pour une large diffusion.
C’est après cette étape qu’il faudrait ensuite songer au choix des participants à ce dialogue. Ainsi comme l’élaboration des TDR, le choix de participants doit obéir aux mêmes principes, ceux du consensus. Pour les partis politiques ou regroupements, le choix pourrait se faire en fonction de la taille du parti qui, se mesurerait à l’aune d’élus municipaux ou nationaux (maires ou députés). Tandis que pour les associations de la société civile, le choix devrait se faire en fonction de leur importance et surtout leur impact en termes de sensibilisation et de débats sur les questions nationales. Il est à rappeler que pour le choix de participants, il serait difficile de trouver une parfaite unanimité donc en cas de blocage le dernier mot pourrait revenir au comité d’organisation si son indépendance est avérée.
En somme, le dialogue national inclusif, s’il est bien mener, serait l’une des rares thérapies pour les maux qui rongent le Mali. Parce qu’il est attendu pour qu’on aborde toutes les questions sans tabou et apporter les solutions idoines. Donc, vivement une bonne compréhension des acteurs pour un dialogue national diligent.
Youssouf Sissoko