Prise en charge de la drépanocytose au Mali
Le calvaire des malades
Le Mali est l’un des meilleurs pays de la sous région en matière d’élaboration des lois mais l’application fait toujours défaut. Pour preuve, depuis un bon moment, les autorités maliennes ont pris des mesures pour la gratuité de la prise en charge de certaines pathologies ou d’amoindrir le coût de certains traitements.
C’est le cas de la drépanocytose, la césarienne, la prise en charge des enfants de moins de cinq ans vivant avec le paludisme, le Sida et bien d’autres maladies.
Mais, dans les centres de santé, la réalité est tout autre. Pour les malades de la drépanocytose, il faut instaurer la gratuité des soins ou au moins bien informer les drépanocytaires que leur traitement n’est pas totalement gratuit. Ils sont, en effet, nombreux à se plaindre des coûts levées des soins et de la non gratuité de leur prise en charge par le Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose qui bénéficie d’un appui colossal des partenaires techniques et financiers.
Les conditions de prise en charge des drépanocytaires au Mali se dégradent de jour en jour, selon des malades qu’on a rencontré dans des centres de santé.
A les en croire, le Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (Crld) implanté au cœur de l’hôpital Point G ne fait rien pour supporter ou amoindrir le coût des soins prodigués et le coût des produits pharmaceutiques.
Et pourtant le centre bénéficie de l’appui des bailleurs de fonds et du gouvernement malien. Monsieur Diallo, Professeur de son état et sa fille Mademoiselle Diallo, tous drépanocytaires sont très remontés contre les autorités maliennes à travers le Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose. Selon eux, malgré l’appui des partenaires techniques et financiers dont bénéficie le Centre, la gratuité à 100% fait défaut. « La gratuité de la drépanocytose n’est pas réelle.
A chaque fois que je vais au centre, je paye. Au delà des simples analyses on nous renvoie vers les cliniques pour d’autres traitements. Le centre donne gratuitement quelques médicament comme paracétamol, vitamine C, Zinc, Arbendazol, sulfadoxine et souvent ces médicaments sont insuffisants compte tenu du délai de rendez-vous qui va jusqu’à trois mois or le médicament ne peut pas faire deux mois. Tout ce que nous voulons est que le centre dise la vérité aux malades que la gratuité n’est pas réelle afin qu’ils s’apprêtent en conséquences », a indiqué le Pr Diallo tout furieux.
Il n’est pas le seul à réclamer l’amélioration de la prise en charge de la drépanocytose par le centre qui du reste, a une certaine autonomie. Aux dires de Diallo, il a pris la carte d’identité sanitaire du drépanocytaire du Crld (qui est différent de la carte de membre de l’Association des personnes vivant avec la drépanocytose) pour sa fille à hauteur de 50 000 FCFA, mais il est obligé de payer 5 000 FCFA par jour pour l’hospitalisation de sa fille, chose qu’il n’arrive toujours pas à comprendre.
Contacté par nos soins, un responsable du département en charge de la santé déclare que le traitement de la drépanocytose au niveau du centre n’a jamais été gratuit. « Même moi, je paye une fois arrivé au centre pour le traitement de mes proches drépanocytaires. J’ai entendu que la prise en charge est en train de se détériorer au centre malgré l’aide des bailleurs de fonds et de l’Etat.
En tous cas pour mes malades, le produit ne manque pas avant la date du rendez-vous », a-t-il dit. Et de poursuivre que la carte est renouvelée chaque année.
A sa suite, Mme Dia du service social du Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (Crld) indique que c’est une désinformation de dire que la prise en charge de la drépanocytose est gratuite au niveau du centre. Selon elle, le paiement est forfaitaire. Et il y a trois types de forfait par rapport à l’âge du malade. « La prise en charge n’est pas totalement gratuite. Les 40% du tarif sont prises en charge par le malade et les 60% sont prise en charge par le Centre avec l’appui des bailleurs de fond et l’Etat », a-t-elle précisée.
Aguibou Sogodogo
Source:Le Républicain 16/06/2016.