On se croirait sous la dictature de Moussa Traoré ou les régimes communistes de l’époque soviétique. Notre confrère Boucary Daou, directeur de publication du journal « Le Républicain » reste encore dans les liens de la justice et des services de sécurité pour avoir publié une lettre ouverte d’un soldat au front à Gao, qui dénonce les avantages accordés au capitaine Amadou Haya Sanogo en sa qualité de président du Comité de réforme et de structuration des forces armées et de sécurité.
Le fait est révoltant et indigne à l’écoute des propos tenus par un homme (le président Dioncounda Traoré) qui, pourtant, a souffert des conséquences de la privation de liberté pendant ses quatre années de détention à Taoudéni sous la soldatesque de Moussa Traoré. Comme pour dire que ceux qui ont souffert de la dictature sont plus dictateurs.
Après la lettre ouverte de la presse malienne adressée au peuple malien (le prenant à témoin sur les dérives des autorités transitoires), notre position reste celle d’un guerrier débout sur le champ de bataille. Notre bataille n’est pas celle de se battre pour pérenniser la transition, comme tentent de le faire certains, mais plutôt de sauvegarder un héritage bien crucial et légitime : la démocratie et les libertés.
Si l’objectif de ces agressions répétées contre la presse est de la détourner de sa mission, les initiateurs ont tout faux. En 1988, 89, 90 et 91, quand des journaux comme « Aurore » ou « Les Echos » se battaient encore, presque dans la clandestinité, certaines autorités qui s’attaquent à la presse n’étaient pas encore là, et savaient à peine qu’est-ce que la démocratie. L’enjeu est donc suffisant pour nous de tenir débout, et de maintenir le flambeau allumé.
Quand les « démocrates« se taisent
Si des combattants de la liberté comme Abdoul Karim Camara dit Cabral sont morts pour cette cause, la presse n’a pas le droit de céder au chantage d’une poignée d’individus qui se croient tout permis. Quand nous nous battions pour la démocratie en 1991, certains « démocrates » étaient en fuite.
Aujourd’hui, ils sont incapables de dire un mot pour être en cohérence avec le discours qu’ils nous tiennent tous les jours. Quelle est en fait leur démocratie ? Se bouffez le nez pour des strapontins ? Se bousculer à la Primature lorsqu’il s’agit remaniement ministériel ? Où sont ces IBK, Me Tall, Issa Ndiaye, Soumaïla Cissé, Oumar Mariko, Aly Nouhoum Diallo, Mme Sy Kadiatou Sow, etc. bref, tous ces « démocrates » qui se réclament du Mouvement démocratique ?
Lorsqu’il s’agit de démocratie, ils sont en première ligne. Mais face à un gouvernement où ils se partagent les postes, ils sont incapables de défendre la liberté de presse. Seule la Cnas-Faso Hèrè de Soumana Sako (qu’elle en soit remercier) a osé dire non à la l’arrestation du confrère Boucary Daou.
Cette attitude des prétendus démocrates est en fait une leçon à la presse malienne, face à la nécessité pour la presse de prendre ses responsabilités. La démocratie est un idéal, et pour l’atteindre, le combat doit être permanent et quotidien. La presse malienne doit le savoir ! La lutte continue…
Issa Fakaba Sissoko l’indicateur 2013-03-21 12:27:12