Pékin (awp/afp) – Le géant chinois de la chimie ChemChina a demandé au gendarme américain de la concurrence de donner son feu vert au rachat de l’agrochimiste suisse Syngenta, une condition cruciale pour le finaliser, rapporte vendredi la presse financière.
ChemChina, un groupe étatique, a déposé un dossier auprès de la Commission fédérale du Commerce (FTC) pour lui soumettre son projet de rachat et cette demande est désormais en cours d’examen, indique Bloomberg News, citant un courriel du groupe.
La FTC a 30 jours pour y répondre. ChemChina n’a pas répondu vendredi aux sollicitations de l’AFP.
Or, Washington a montré à plusieurs reprises sa capacité à bloquer d’importantes acquisitions chinoises à l’étranger.
En décembre, le président Barack Obama avait ainsi opposé son veto au rachat de l’industriel allemand Aixtron par le fonds d’investissement chinois Grand Chip, arguant d’inquiétudes pour « la sécurité nationale ». Son opposition avait conduit à faire capoter l’opération quelques jours plus tard.
Pour leur part, ChemChina et Syngenta ont l’intention, tout en attendant la décision de Washington, de poursuivre les préparatifs de leur rapprochement, ont assuré à Bloomberg des sources proches du dossier.
En février 2016, ChemChina avait dévoilé une offre de 43 milliards de dollars (40 milliards d’euros au taux actuel) pour racheter Syngenta, la plus grosse opération jamais lancée par un groupe chinois à l’étranger.
Depuis, le chimiste chinois a prolongé à cinq reprises son offre, dans l’attente « que toutes les conditions soient remplies ».
Si l’opération a été accueillie sans faire de remous en Suisse, elle avait toutefois fait sourciller des sénateurs américains qui avaient demandé à ce que ses conséquences potentielles, notamment pour la sécurité nationale des États-Unis, soient examinées.
En août, le Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis avait cependant donné un accord de principe à la transaction.
En novembre, la Commission européenne a quant à elle ouvert une enquête approfondie afin de déterminer si ce rapprochement était susceptible de réduire la concurrence dans les produits phytosanitaires.
De fait, ChemChina contrôle déjà l’entreprise israélienne Adama, le plus grand fournisseur de produits phytosanitaires génériques en Europe.
La transaction est complexe en raison de sa taille, mais elle intervient de surcroît alors que le secteur est en pleine phase de consolidation entre le projet de fusion des américains Dow Chemicals et DuPont –sur lequel la Commission européenne mène également une enquête– et l’offre de l’allemand Bayer sur Monsanto.
afp/al
(AWP / 20.01.2017 10h34)