Des hautes autorités aux chefs de partis, peu importe le poids de ces formations politiques, l’essentiel est d’avoir la parole des maires. Que les promesses de soutien données soient sérieuses ou sans suite. Dans ce climat où ces journées de commune prennent l’allure d’une vraie foire de marchandage, le premier responsable de l’Etat semble être le plus intéressé, et peut-être le plus disant pour bénéficier de la faveur des faiseurs de roi dans un contexte d’élections générales. Mieux pour un processus où le fichier comporte des failles laissant une large marge de manœuvre à la possibilité de fraude électorale.
Si les chefs de partis politiques ou candidats œuvrent ou manœuvrent pour leur élections, le président de la République, Amadou Toumani Touré s’est préoccupé du sort de son référendum qui sera couplé au premier tour de la présidentielle de 2012. « Je reviendrai pour les campagnes référendaires mais pas pour les campagnes présidentielles car c’est pour les autres ; alors je commence ma campagne dès maintenant. Il faut voter OUI pour le referendum », s’est exclamé le Président ATT lors de la cérémonie d’ouverture de la journée des communes. Ce propos a l’avantage de faire savoir après la marche du Collectif « touche pas à ma constitution » que le président n’a pas changer le fusil d’épaule, qu’il est dans sa logique de réformes.
La collusion entre partisans des réformes et membres du collectif « touche pas à ma Constitution », ne présage rien de bon pour le pays. Après le président, les chefs de partis aussi ont rencontré leurs maires. C’est le cas par exemple du candidat de l’Adema qui a rencontré les élus Adema au Centre international de Conférence le 6 décembre. De son côté, Soumaïla Cissé n’a-t-il pas rencontré les élus Urd ? Aussi, Modibo Sidibé qui n’est pas un chef de parti a –t-il rencontré des maires lors de leur séjour à Bamako. Les maires deviennent une denrée précieuse parce qu’au contact du terrain. Chacun espère les tourner en sa faveur d’une manière ou d’une autre, par la persuasion ou par des pièces sonnantes et trébuchantes.
Au total c’était plus de 1000 élus locaux qui étaient présents à Bamako et qui ont été approchés, publiquement ou en secret dans la perspective de 2012. Des promesses ont été faites, des stratégies échafaudées, et désormais, c’est le terrain qui va parler, mais la messe est loin d’être dite. Le deuxième épisode de cette grande rencontre, ce serait les retournements, les crocs en jambes, les peaux de bananes, les trahisons, bref, les repositionnements et les reconstructions.
La réalité est que la rencontre des maires et tout ce qu’y a été dit sera renvoyé à plus tard, y compris la quintessence du discours d’ATT sur les découpages. Mais la rencontre des maires aura été une aubaine pour les partis et les hommes politiques qui ont économisé sur leurs budgets de campagne, en parlant à 1000 grands électeurs, sans bourse délier, l’Etat s’étant chargé de leur frais d’acheminement jusqu’à Bamako. Il fallait être à la cité des enfants, à la maison des jeunes, à l’hôtel royal et autres sites d’hébergement des délégués, à la réunion annuelle des maires pour constater de visu que c’était vraiment la foire aux maires.
Sidi El Moctar Kounta
Boukary Daou
Le Républicain 08/12/2011