Présidentielle : journée de vote au Sénégal

Depuis ce matin du 24 février, près de 6 millions de Sénégalais sont appelés à voter pour le premier tour de la présidentielle. Cinq candidats, dont le sortant Macky Sall, se disputent leur suffrage

Le président sortant Macky Sall, 57 ans, est persuadé d’être réélu au premier tour. Pourtant, il est face à quatre autres adversaires. Et, après trois semaines d’une campagne animée, plus de 6 millions de Sénégalais ont commencé à voter ce dimanche dans plus de 6 500 bureaux de vote répartis au Sénégal, ainsi que 310 000 dans la diaspora.

L’affluence était forte à l’ouverture des bureaux à 8 heures à Fatick (centre), où Macky Sall a voté vers 09H30. S’exprimant après avoir voté au centre Thierno-Mamadou-Sall, à Fatick, sa ville natale, le candidat de la coalition « Benno Bokk Yaakaar » (BBY, majorité) a souligné qu’il espérait que le prochain président de la République soit celui de « tous les Sénégalais ». Il a affirmé qu’il souhaitait être celui qui sera choisi par ses concitoyens, à l’issue du scrutin de ce dimanche.

Il a salué « la maturité du peuple sénégalais et la mobilisation citoyenne au Sénégal et à l’étranger qui ont permis d’exercer le devoir citoyen dans le calme et la sérénité ». Le candidat Idrissa Seck a voté au bureau 4 de l’école Malick-Kairé-Diaw du quartier Randoulène, dans la commune de Thiès-Ouest, a constaté l’agence de presse sénégalaise APS.

Accueilli par une foule enthousiaste, le leader de la coalition « Idy2019 », après avoir voté, a lancé un appel à l’unité et au calme. « Le peuple sénégalais est pluriel mais uni », a-t-il dit, soulignant le caractère « décisif » de ce scrutin : « Le premier devoir du chef État est d’organiser l’unité de la nation et son rassemblement autour d’une seule préoccupation : abréger les souffrances des populations, abandonner les dépenses de prestige et se mettre résolument au service du peuple » a-t-il déclaré, cité par l’APS.

Le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), le Pr Issa Sall, a voté à Tattaguine, dans la région de Fatick, rapporte Radio Futurs Médias (RFM, privée).

Le candidat de la coalition « Sonko préside » Ousmane Sonko s’est dit « plus que confiant » après avoir effectué son devoir civique au bureau 2 de l’école élémentaire des HLM Néma. « Je n’attends pas le jour du scrutin pour être confiant. Ce que j’ai vu durant la précampagne, au cours de la compagne fonde notre confiance. Les Sénégalais ont montré beaucoup d’affection à notre égard », a réagi le plus jeune candidat de cette élection. « Si les élections se passent de façon démocratique et transparente, je pense que je vais les gagner. Si ce n’est pas le cas aussi, je vais appeler et féliciter le vainqueur », a poursuivi le leader du PASTEF.

À la mi-journée, les candidats à l’élection présidentielle ont accompli leur devoir civique dans leur lieu de vote.

Départager Macky Sall et ses quatre concurrents

Compte tenu du fait que cette année aucun « ndigueul » (cette consigne de vote adressée par le marabout à ses disciples) n’a émergé, difficile de savoir qui des cinq candidats arrivera en tête de ce premier tour. Une chose est sûre : Ousmane Sonko, Issa Sall, le président sortant Macky Sall, Madické Niang et Idrissa Seck étaient mobilisés jusqu’au bout de cette campagne électorale inédite. Cinq candidats seulement, du jamais-vu depuis 1988. Ce chiffre n’est pas seulement anecdotique et la conséquence de la loi de 2018 sur les parrainages, c’est aussi un sérieux indicateur du contexte dans lequel va se tenir cette élection si particulière. Non seulement deux partis historiques sont absents de l’élection : le Parti démocratique sénégalais, PDS, libéral, d’Abdoulaye Wade, et le Parti socialiste au pouvoir pendant quarante ans qui a été absorbé par le camp présidentiel. Mais Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, et Khalifa Sall, ex-maire de Dakar, ont été mis hors jeu en raison d’ennuis judiciaires.

La campagne a vu les candidats sillonner le pays avant de regagner Dakar pour la dernière semaine. Elle a été marquée par le partenariat entre Idrissa Seck et Khalifa Sall, annoncé de sa prison par ce dernier. Ainsi que le retour au pays de l’ex-président Abdoulaye Wade, décidé à empêcher une élection « verrouillée ».

Mais fort de la statistique qui a vu tous ses prédécesseurs (Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf puis Abdoulaye Wade) effectuer au moins deux mandats, Macky Sall, 56 ans, veut piloter pour les cinq prochaines années la deuxième phase (2019-2023) de son plan Sénégal émergent et même l’emporter dès le premier tour, une prouesse réussie uniquement par son ancien mentor, Abdoulaye Wade (2000-2012).

Ses concurrents, rescapés du nouveau système de parrainages et des décisions judiciaires qui ont éliminé des rivaux de poids, espèrent bien contrarier ses ambitions, à commencer par l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, 59 ans, et le député « antisystème » et ex-inspecteur des impôts Ousmane Sonko, 44 ans, qui ont tous deux prophétisé sa chute dès dimanche soir.

Un vote très scruté

Les premiers résultats sont attendus dès la fermeture des bureaux à 18 heures GMT, mais ne deviendront officiels qu’à partir du 25 ou du 26 février. Un éventuel second tour, compte tenu des délais légaux de proclamation, de possibles contestations et de la nouvelle campagne, se tiendrait vraisemblablement le 24 mars.

Les journaux ont titré samedi sur « l’heure du choix » ou le retour de la parole au peuple, qui aura écouté pendant trois semaines les candidats dérouler leur programme.

Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d’État, fait figure de modèle démocratique en Afrique. À la suite d’une réforme constitutionnelle entérinée par référendum en 2016, le prochain chef de l’État sera élu pour un mandat de cinq ans au lieu de sept. Pour ce scrutin, les autorités ont annoncé le déploiement de 8 000 policiers et gendarmes en tenue dans les agglomérations urbaines le jour du vote, ainsi qu’un nombre indéterminé d’agents en civil.

Selon le ministère de l’Intérieur, quelque 5 000 observateurs, dont près de 900 de missions étrangères, surveilleront le bon déroulement des opérations.

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