Concernant ces éventualités d’alliances, les commentaires vont bon train. En effet, tandis que les uns avancent que le candidat éliminé, Henri Konan Bédié, pourrait donner ses voix (28%) à ADO, les autres soutiennent que du reste, la plupart des 12 candidats perdants (au 1er tour) risquent de rallier le camp d’ADO, pour la bonne raison qu’en plus d’être dicté par leur ardent désir, nourri depuis des années, de vivre enfin une véritable élection démocratique en Côte d’Ivoire, ce fort taux de participation des Ivoiriens (82%) obéissait à un objectif : faire partir Gbagbo qui leur rappellerait ces pénibles et interminables années de crise.
Selon bien des Ivoiriens vivant au Mali et partisans d’ADO, Gbagbo a prouvé tout ce dont il est capable au cours de ses années de pouvoir, et il est temps de choisir quelqu’un qui n’a pas encore fait ses preuves, autrement dit ADO. Mais d’un autre côté, les inconditionnels de Gbagbo soutiennent que compte tenu du climat socio politique actuel du pays, il est le seul à mesure d’assurer la stabilité et la continuité du pays et de gérer les problèmes toujours restés en suspens, tels le cas du Nord et des éléments des Forces nouvelles (FN) encore réticents à tout ralliement au pouvoir.
Et d’indiquer que pour rien au monde, les partisans de Gbagbo ne se laisseront ravir le « morceau » (le pouvoir), étant surtout si près du but. Interrogé par RFI à propos d’une éventuelle défaite électorale, Gbagbo aurait d’ailleurs répondu sans hésiter : « On ne peut pas organiser des élections, y participer et courir le risque de les perdre ». No comment (sans commentaire), comme dirait l’autre…
Quoi qu’il en soit, ce qui est sûr, c’est qu’aucun des deux candidats au second tour (qui aura lieu le 21 novembre) n’est prêt à « lâcher le morceau », encore moins se laisser ravir le « trophée » présidentiel, surtout qu’après six reports, cette échéance électorale était depuis longtemps attendue de pied ferme non seulement par tous les Ivoiriens, mais surtout par les responsables politiques (qu’ils soient présidentiables ou non).
En fait, depuis la mort de Félix Houphouët Boigny, après les règnes de Henri Konan Bédié et du défunt Général Robert Gueï, après le régime de Gbagbo émaillé de crises, d’atermoiements, de dissensions et de mésententes, les Ivoiriens n’aspirent plus aujourd’hui qu’à une authentique paix sociale sous tendue par une véritable démocratie.
Autant dire que d’ici la date du 21 novembre, bien des thèses et hypothèses sont susceptibles de se concrétiser, surtout qu’une bonne frange de l’opinion assure qu’au plan national, le Rassemblement des républicains (RDR) d’ADO est de nos jours plus prisé que le Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo, que le parti du Président sortant n’est solidement implanté que dans la capitale et ses environs, que le président de la CENI (Bagayoko), en tant que RDR, roulerait pour ADO, mais que cette fameuse vieille affaire de cartes de séjour (prônée par ADO à l’époque où il était Premier ministre) pourrait se retourner contre lui, tout comme cette autre affaire d’ivoirité pourrait jouer en défaveur de Gbagbo…
Laurent Koudou Guiawily Gbagbo est également incriminé d’être à l’origine de la rébellion. Il aurait tenté d’éliminer tous ses adversaires politiques à la suite d’une mutinerie, qu’il aurait lui-même planifiée et organisée avant de s’envoler pour la capitale Italienne, Rome, le 19 septembre 2002. Et que l’échec de son plan a conduit le pays à la guerre civile, qui du coup a divisé la nation ivoirienne en deux. Il faut signaler, que dès les premières heures de la mutinerie à Abidjan, le Général Robert Guéï et le ministre de l’Intérieur Emile Boga Doudou ont été sauvagement assassinés.
L’ancien Premier Ministre, leader du RDR et candidat à l’élection présidentielle avait trouvé refuge à l’Ambassade du Canada et quant à l’ancien président Henry Konan Bédié, il a pu se sauver en allant élire domicile à l’Ambassade la France.
Aussi, le carnage de Yopougon dont serait impliqué le président sortant Laurent Koudou Guiawily Gbagbo pourrait jouer en sa défaveur. Il faut noter que jusqu’aujourd’hui, aucune enquête sérieuse n’a été ouverte à propos de ce carnage de Yop-City.
Bref, seuls les dieux des élections pourraient départager les deux candidats de cette finale électorale. Et quand on sait que la politique a ses raisons qui se moquent de celles des citoyens en général et des électeurs en particulier, on peut s’attendre à bien des couacs politiques avant cette date « fatidique » du 21 novembre.
Par Oumar Diawara « Le Viator »
Le Coq 08/11/2010