La campagne pour l’élection du nouveau président de la République a été officiellement lancée ce week-end. Ils sont une trentaine de prétendants, autorisés par la Cour constitutionnelle, à se lancer dans la conquête de Koulouba. Sans doute, la crise de laquelle le Mali se sort progressivement aura une forte influence sur la campagne et les discours des candidats. Pour les observateurs avertis, il faudrait s’attendre à de chaudes empoignades.
Mobilisation dans les capitales régionales
Pour la seule journée du dimanche, une dizaine de meetings étaient prévus à travers le pays. Les candidats affutent leurs armes et s’investissent dans leurs bastions respectifs.
C’est donc sans surprise que le porte-drapeau de l’URD a investi hier le stade Barema Bocoum de Mopti pour lancer sa campagne. Le choix n’est nullement fortuit, comme nous explique ce responsable de la jeunesse URD, pour qui, Mopti est une zone électorale très importante pour le parti. Allusion faite ainsi au statut de première force politique dans la région occupée par le parti.
Au moment où Soumaïla Cissé honorait son rendez-vous avec 25 000 militants au stade de Mopti, son rival de l’Adéma le défiait à Sikasso au stade Babemba Traoré. Au même moment, Housseini Guindo dit Poulo investissait la salle Lamissa Bengaly de 1200 places.
Sikasso est une localité très prisée par les candidats à la présidentielle, du fait de sa forte concentration démographique. C’est ici qu’en 2002, Amadou Toumani Touré avait lancé sa campagne.
Si Dramane Dembélé doit batailler dur pour s’imposer dans cette zone très stratégique politiquement, Poulo, lui, devra faire face au défi de la consolidation de sa position dans son fief. Député dans la circonscription, son parti, la Codem, s’est fortement implantée à Sikasso pendant ces dernières années. Mais ses électeurs lui sont vraiment restés fidèles ? Le résultat des urnes le 28 juillet nous édifiera. Surtout quand on sait que d’autres candidats misent sur cette localité.
C’est le cas par exemple du porte-étendard de la CDS, Mamadou dit Blaise Sangaré, attendu ce mardi 9 juillet dans la Capitale du Kénédougou. Pour un responsable du bureau national du parti, Sikasso constitue un défi, et dit-il, faut faire le plein des voix.
Modibo Sidibé est un candidat pour lequel la conquête de la région de Kayes est plus qu’un défi. Le président du parti qui compte l’amener à Koulouba (Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence, Fare), Aliou Keïta, est de cette région. Opérateur économique, il a promis il y a quelques jours de porter Modibo Sidibé à la magistrature suprême grâce à la mobilisation de ses militants. Le 28 juillet nous en dira plus.
Certains l’avaient annoncé à Koutiala, ou dans le Mandé (comme c’était le cas en 2007). Mais finalement « le chef des Tisserands » a choisi Bamako pour lancer sa campagne. Au stade du 26-Mars, Ibrahim Boubacar Kéita a promis à ses 50.000 militants la victoire le 28 juillet prochain. Réputé proche de l’ex-junte militaire et très populaire (malgré tout) dans les casernes, le porte-drapeau du RPM croit dur comme fer que son heure est arrivée.
Koutiala, le défi Oumar Mariko
D’autres candidats attendent cette semaine pour descendre dans l’arène. C’est le cas, entre autres, d’Oumar Ibrahim Touré, attendu à Ségou vendredi prochain. Il compte aller défier Me Mountaga Tall (candidat du CNID) dans son bastion.
Quant à Oumar Mariko, si son équipe est déjà de plain-pied dans la campagne, il attend lui aussi vendredi pour le coup d’envoi officiel. Annoncé fugitif par certaines rumeurs folles de Bamako après « la levée de son immunité parlementaire », le candidat du parti Sadi est attendu à Koutiala.
La coordination de la localité qui met les derniers réglages avant le jour j, table sur une mobilisation de taille. A Koutiala, le parti Sadi est une des forces politiques sur lesquelles il faut compter. Et son candidat entend damer le pion à ses adversaires. Dans le programme de campagne provisoire le candidat Sadi compte boucler sa campagne dans sa circonscription électorale de Kolondiéba. Tout un enjeu. Quand on sait que c’est ici que son colistier, Moussa Coumbéré, et le président de la coordination, Daouda Moussa Konaté, ont claqué la porte pour rejoindre l’URD. Il n’y a pas de doute, les empoignades seront rudes au cours des meetings.
Le candidat de la Cnas, Soumana Sacko, appelé « candidat du peuple », a trouvé une manière très originale de lancer sa campagne, à travers des meetings décentralisés dans les six communes du district de Bamako. En Commune I ses militants étaient sur la place publique face à la mosquée de Boulkassoumbougou, en Commune II sur le terrain Sakaly, au Camp Digue en Commune III, au terrain Chaba en Commune IV. En commune V, les partisans de « Zou » ont investi les terrains de football de Daoudabougou, tandis qu’en Commune VI les militants se sont donné rendez-vous devant leur siège, près de l’ex-Blonba. Au total six meeting en une journée dans la seule ville de Bamako. De quoi créer sa différence dans la stratégie de campagne.
Issa Fakaba Sissoko
L’indicateur Renouveau 2013-07-08 09:07:42