La plupart des leaders de l’opposition s’étaient rassemblés autour de la Plateforme « ne touche pas à ma constitution ! » Désormais, tous concentrés sur 2018, ils préparent leurs partis respectifs, leurs candidatures à la présidentielle.
Au Mali comme partout en Afrique de l’ouest, ces derniers mois, l’opposition a donné l’Impression de courir après la société civile et de tenter de la récupérer. Ainsi, en s’affichant en tête des cortèges contre la révision constitutionnelle (lire PP. 62-64), le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena, Tiébilé Dramé, 62 ans, a voulu s’imposer comme homme qui dit non au président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) et sa « dérive monarchique ». En accusant le chef de l’Etat de vouloir s’arroger tous les pouvoirs via une révision de la Constitution, l’ex leader estudiantin qui s’opposait farouchement au régime de Moussa Traoré à la fin des années 1990 a capitalisé sur son image de militant courageux et de démocrate irréprochable. Dans l’opposition, l’ancien chef de la diplomatie de la transition (1991-1992) conserve ainsi un prestige d’homme d’Etat. Il a été par ailleurs l’un des premiers leaders politiques à s’opposer aux putschistes du 22 Mars 2012.
Un atout, dès que l’édifice Républicain se met à trembler. Mais, demain, on pourrait aussi lui reprocher d’être héritier d’une classe politique qui a amené le pays au bord du gouffre.
Oumar Mariko, 58 ans, secrétaire général du parti Solidarité Africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) et autre soutien de la plateforme «Touche pas à ma constitution ! », n’a jamais vu dans cette dernière qu’une alliance de circonstance. « Après, chacun choisira le candidat qu’il veut pour la présidentielle », confiait-il déjà fin juin. « Le problème de l’opposition est de savoir qui sera le chef en 2018, explique-t-il. Au Sadi, nous nous préparons à la présidentielle et la force de ma candidature, c’est la transparence: je ne suis mouillé dans aucun scandale de corruption, ce qui n’est pas le cas de tout le monde ». Réputé pour son franc-parler et ses prises de position iconoclastes, le tonitruant docteur de l’extrême gauche malien se voit bien créer la surprise en 2018. Son problème est de trainer un boulet son soutien au putsch du capitaine Sanogo en 2012.
Soumaïla Cissé, 67 ans, président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le principal adversaire d’IBK en 2013 donne quant à lui l’impression d’être à la traine de la caravane. Selon Alexis Kalambry, directeur du quotidien malien « Les Echos », « il reste le vrai challenger d’IBK, car il a un parti organisé et que son discours est rodé mais les jeunes lui reprochent son manque de punch. Soumaïla donne l’impression d’être un peu débordé par la contestation », explique l’analyste.
Quant à Moussa Mara (lire P.69), l’ex premier ministre d’IBK. Il garde sa réputation « de héros de Kidal », qui a su tenir tête aux combattants du MNLA en se rendant avec perte en fracas dans le fief de l’Azawad en mai 2014. A 42 ans, l’expert comptable a pris du recul, il écrit beaucoup, il consulte sans participé à l’ « IBK bashing ». Il donne l’image d’un penseur libre et critique qui attend son heure.
PROVIDENCE. Et si le futur président malien sortait de la nouvelle génération de tribuns incarnée par le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath, 43 ans, qui fut l’une des icônes de la plateforme anti révision. Certains analystes, voyant en lui une sorte d’homme providentiel, l’on comparé à IBK. Avec le Collectif pour la défense de la République (CDR), dont il est président, l’activiste se consacre désormais aux combats.
Et si le futur président sortait des rangs de la nouvelle génération de tribuns ?
Pour l’alternance en 2018, son objectif est d’assurer une veille citoyenne et de donner aux électeurs les moyens de « détecter les bons candidats, qui pourront changer le système », dit-il pas de se présenter.
«Sa candidature en 2018 est improbable, tranche Alexis Kalembry. Il n’a pas d’appareil politique derrière lui. Et il sait que s’il sort de son rôle de leader de la société civile, il tombe »
François Xavier Freland
Jeune Afrique
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