Si les Maliens ont cru au leader du Collectif pour la Défense de la République (CDR), Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath sur le fait qu’il ne caresse pas, lui-même, un ambition présidentielle personnelle, ils pensent qu’il était au service d’un homme politique ou du moins pour un haut dignitaire de l’Etat. Pendant longtemps, l’identité de cette personne a été l’objet de spéculations dans les salons feutrés de Bamako et dans les « grins ». Mais, au fur et à mesure que l’élection présidentielle de 2018 s’approche, les Maliens sont, de plus en plus, curieux de connaître le secret du leader. Face au mystère, aucun détail ne leur échappe. Et, depuis le meeting des Associations Pour le Mali (APM) tenu à Koutiala les 28 et 29 octobre derniers, Mohamed Aly Bathily, président des APM, non moins ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et des Affaires foncières s’attire, à tort ou à raison, les soupçons de l’opinion publique. L’heure de la fin du mystère a-t-elle sonné ?
La présidentielle 2018 demeure la chasse gardée du chroniqueur malien le plus populaire de l’heure. Il rêve d’un Mali nouveau avec un type nouveau de dirigeant en 2018 à travers un vaste projet dénommé « Alternance 2018 » qui mobilise, aujourd’hui, les Maliens à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais, le hic est que l’activiste malien, qui s’est déclaré non partant pour ces élections, travaille pour un « fantôme ».« Ras Bath est bel et bien mon fils »
A neuf mois du rendez-vous électoral majeur, ses partisans ignorent, toujours, la finalité de son projet. Car, si le leader du CDR prône un changement de gouvernance en 2018, il évite, jusque-là, de parler de la personne qui incarne ce changement à ses yeux. Son combat politique vise-t-il seulement à barrer la route de Koulouba à IBK ? Ras Bath a-t-il un candidat caché pour la présidentielle de 2018 ? Qui est cette personne ? Qu’est-ce qu’il attend pour la présenter à ses partisans ?
En vérité, personne n’est en mesure de répondre objectivement à ces questions, à part Ras Bath lui-même. Quel intérêt pense-t-il tirer de ce mystère?
En attendant que Ras Bath se décide à édifier les Maliens sur ces questions, la polémique enfle autour des intentions réelles du leader après la piste Mara, président du parti Yelema qui a été démentie par le leader lui-même. Cette fois-ci, c’est Mohamed Aly Bathily, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, et des Affaires foncières dont les ambitions présidentielles ne font plus l’ombre d’un doute qui est pointé du doigt pour être le bénéficiaire des actions du chroniqueur en 2018. A l’origine des soupçons, l’enthousiasme subit et le goût de plus en plus aigu du ministre à encourager les critiques de son fils contre certains de ses collègues et le gouvernement malien. Le doute s’installe sur le lien entre le comportement de Me Bathily et les activités de son fils depuis le meeting des Associations Pour le Mali (APM) tenu à Koutiala les 28 et 29 octobre 2018. Et pour cause, depuis son arrivée dans le gouvernement, l’homme est soupçonné de tenir un langage de campagne. La création des Associations Pour le Mali est venue accentuer ce doute. Mais, depuis le meeting de Koutiala, le ministre donne aussi l’impression de combattre son effroi à soutenir publiquement les critiques de son fils contre le régime en place. Mohamed Aly Bathily n’a plus peur de s’afficher avec son fils, Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath. Et pour cela, il est prêt à en payer le prix le plus fort, après avoir pourtant cautionné son emprisonnement en 2016. « Ras bath est bel et bien mon fils et il suit l’éducation d’homme intègre et de vérité qu’il a reçue de la part de son père.Si je dois sortir du gouvernement qu’on me sorte. Je n’ai pas trahi IBK, ce sont les peureux qui se cachent pour trahir. Il faut qu’on se dise la vérité. Mon fils Ras Bath est un enfant qui a été éduqué dans la vérité, et il l’a héritée. Il continuera sur son chemin de dénonciation et cela sur le chemin de la vérité. Il est devenu un serpent ! Si je le jette, on le tuera, je l’attache donc à la hanche», a-t-il averti. Pour tout dire, le ministre sonne la fin de la discrétion dans ses relations avec son fils et lâche ses collègues.
En route pour Koulouba 2018 ?
Pour marquer d’une pierre blanche les relations futures qu’il entretiendra avec le chroniqueur, le ministre n’a pas hésité aussi, lors de son meeting à Koutiala, à critiquer la gestion de la justice par le président IBK. Comme son fils, Bathily père, après 4 ans passés dans le gouvernement, estime qu’il est « grand temps aujourd’hui que certaines vérités soient dites sur les 4 ans de gouvernance actuelle du pays ». « Les révoltes actuelles des populations contre certains juges (à Kolokani, Kangaba, Nioro) et l’emprisonnement quotidien des paysans à cause de leurs terres par des spéculateurs fonciers, prouvent à suffisance qu’il n’y a pas de justice dans ce pays. Il ne sera plus question de se taire sur les injustices sociales. Et nul ne sera plus esclave de personne dans ce pays.», a harangué le ministre Mohamed Aly Bathily. Que vise-t-il à travers cette critique ? Est-ce IBK ou l’actuel ministre de la Justice, Garde des Sceaux ? Bathily veut-il se faire débarquer par IBK en cette veille des élections? Pour quel intérêt ? En tout cas, dans ces propos, on sent sa lassitude à rester auprès du président IBK. Mais seulement, le moment choisi ne colle pas trop pour bon nombre d’observateurs politiques. Pourquoi Me Bathily a-t-il attendu si longtemps avant de soutenir son fils ? A-t-il un agenda caché pour 2018 ?
Son soutien au leader du CDR, publiquement, intervient à quelques mois seulement de la présidentielle de 2018. Selon le ministre, sa révolte est motivée par le fait qu’il a « subi beaucoup de critiques à cause des actions de Ras Bath ». Et s’il n’avait le courage de le défendre il y a quelques mois, plus maintenant. Alors, faut-il s’attendre à le voir dans les jours à venir claquer la porte de son département pour défendre son fils ? L’alternance prônée par le leader du CDR en 2018 est-elle une fabrication cachée du ministre pour parvenir à Koulouba?
Pour rappel, le projet «Alternance 2018 » a été à l’origine du divorce entre le leader et la Plateforme « An tè A Bana-Touche pas à ma Constitution ». L’idée avait été rejetée par celle-ci lors d’une de ses Assemblées générales à la Pyramide du Souvenir. Toute la vérité a-t-elle été dite du rejet de cette idée par la Plateforme ?
Youssouf Z Kéïta