À chaque campagne présidentielle son lot de slogans. Sobre ou osé, le slogan politique donne le ton des campagnes pour les candidats. Ils sont neuf au Cameroun et chacun a dévoilé son slogan de campagne qui l’accompagnera jusqu’au 7 octobre 2018. Décryptage de ces énoncés destinés à séduire, et bien plus, convaincre les électeurs.
Paul Biya : « La force de l’expérience »
Après “le temps des grandes ambitions”, puis “le temps des grandes réalisations” lors de ses précédentes candidatures, Paul Biya, candidat à sa propre succession pour un septième mandat consécutif met en avant cette année : « la force de l’expérience ». Un argument de l’expérience qui met en avant le bilan des promesses de 2011 et sa longue pratique de la plus haute fonction de l’Etat. Une véritable composante marketing qui suscite plutôt la polémique sur la toile autour de la traduction anglaise du slogan.
« La traduction anglaise est fautive. On ne devrait pas traduire force par force. Force, comme dans Air Force One ou Army Force veut dire autre chose. On aurait dû traduire par “The Strenght of Experience” ou “The Power of Experience. », explique sur son compte officiel Ousseynou Nar Gueye, consultant sénégalais en communication politique. Un avis que ne partage pas Sammy Kenne, chercheur en linguistique et traducteur, diplômé de l’Institut supérieur de traduction, d’interprétariat et de communication (Istic). Selon cet expert camerounais, la traduction faite par l’équipe du candidat Paul Biya est « possible ». « Le mot « Force » est bien utilisé en anglais pour traduire « la force ». Mais cela dépend vraiment du contexte. « Force vitale » se traduit bien par « life force » et « Les forces de la nature par « the forces of nature ». Donc sur le sens, il est bien possible de traduire « la force de l’expérience » par « the force of experience », se confiait-t-il chez nos confrères du JournalduCameroun.
Joshua Osih : « La force de notre diversité »
Candidat du Social Democratic Front, SDF, le premier parti d’opposition au Cameroun, Joshua Osih (49 ans) est l’un des favoris à la présidentielle du 7 octobre. Comme par hasard, il a accentué son slogan de campagne sur le ton de la “force” comme Paul Biya actuel président de la république. Joshua Osih ne s’appuie pas sur son expérience – puisqu’il est en course pour la première fois à la magistrature suprême -, mais plutôt sur la diversité de notre pays.
« Le Cameroun dans le monde entier est reconnu comme le symbole de l’Afrique en miniature. On nous envie notre climat, nos paysages, nos cultures et notre cuisine entre autres. Chez nous, chacun trouve son compte, et quelque soit son pays d’origine en Afrique, retrouve un peu de chez lui, chez nous. », se justifie-t-il sur le choix de ce slogan qui porte les 24 points de son programme de société.
C’est également une manière pour le natif de Kumba, dans le sud-ouest du Cameroun, de prendre le pas sur l’administration Biya en ce qui concerne la crise anglophone. Une crise qui serait née de la négligence du gouvernement camerounais vis-à-vis des deux régions d’expression anglaise dans le pays. En prônant la diversité, Joshua veut montrer qu’il prend en considération toutes les composantes de la société camerounaise.