Au PBS, nous ne sommes pas partants pour les élections générales de 2012, parce que, simplement, nous ne sommes pas prêts. Si le bon sens pouvait guider les autres! Car, en vérité, les ¾ des Partis ne sont pas prêts, d’où tout ce tintamarre et cette capacité à nous pomper l’air à la première occase.
Pas prêts, mais soucieux de participer au débat, en y apportant notre touche de bon sens. C’est pourquoi nous avons décidé de vous entretenir dans ce numéro d’un sujet qui aura tout son sens dans les jours à venir, sitôt la vague des investitures arrivée à terme. Il s’agit de la Direction de campagne.
Mais, avant, je tire mon chapeau à la Rédaction de 22 Septembre! Je l’avoue, j’ai eu froid dans le dos quand j’ai lu le droit de réponse du Professeur Makan Moussa Sissoko. Disons le tout net, le Pr est passé à côté. Il a utilisé des mots qui ne lui font pas honneur. Dire qu’il fut surpris de constater que Youssouf Diallo faisait partie de la rédaction générale du journal montre tout simplement qu’il ne le lit pas et c’est grave en soi.
Connaissant certains journalistes qui font partie de la Rédaction de 22 Septembre, et vu les insanités utilisées, je m’attendais à une sortie au bazooka. Quelle ne fut ma divine surprise de constater que, là aussi, le temps a fait son effet. Véritablement, le Directeur de Publication de 22 Septembre, et son équipe ont mûri, et tant mieux pour le journal et pour l’ensemble de la corporation. Chapeau! Pour le reste, cher Professeur, votre passage au débat sur le projet de réformes est à oublier vite, et même très vite. Vous êtes passé totalement à côté: suffisant, cassant, méprisant et insultant, allant jusqu’à traiter Diarra de menteur! De grâce, apprenez à être modeste. Pour tout le reste, nous savons lire et aller sur le net.
Revenons à la direction de campagne. Qu’est ce qu’une direction de campagne? Quels sont les critères qui doivent déterminer le choix d’un directeur de campagne? Quelles leçons tirer du cas malien?
Pour répondre à ces questions, je vous propose cet excellent article, tiré d’exprimo.fr: «Diriger une campagne électorale est une expérience incomparable.
Cette direction est au cœur d’un engrenage de multiples enjeux:
règles administratives traditionnelles (organisation, supervision, coordination), règles juridiques particulières, dans un climat psychologique d’incertitudes (les espoirs, les craintes, les hostilités, les activités inconnues des oppositions?).
L’enjeu consiste à trouver un juste équilibre entre ce qui ressort de l’organisation pure et ce qui relève des contraintes propres à la politique…
Construire une méthode de direction. Cette méthode sera certes différente d’une campagne à l’autre. Mais, au-delà de cette diversité, des points de passages communs demeurent. 3 étapes préalables sont nécessaires. 1ère étape: identifier ce qui est nécessaire pour gagner. Quelles sont les clefs essentielles de la victoire?
2ème étape: quelles sont les ressources nécessaires pour mettre en œuvre les « clefs de la victoire » (moyens humains, financiers, matériels?)? 3ème étape: comment ces ressources doivent être agencées dans le temps?
La direction de campagne. Le directeur de campagne sera le gardien vigilant des réponses données aux trois questions précédentes. Toute campagne d’une certaine envergure doit avoir un directeur à temps complet. Cette personne a la confiance totale du candidat et lui renvoie une totale loyauté.
Sa tâche principale est de savoir prendre les décisions d’organisation interne. C’est donc une fonction qui impose le sens des responsabilités pour déterminer les priorités de chaque maillon d’exécution. Une même autorité est nécessaire pour surveiller le bon fonctionnement quotidien et s’assurer que le bon cap est tenu.
Les qualités essentielles. 4 qualités essentielles sont à réunir: posséder parfaitement la stratégie de campagne (le quotidien ne doit jamais prendre le pas sur les buts à poursuivre), ne jamais mentir au candidat: l’une des fonctions du directeur de campagne c’est de protéger le candidat, mais jamais au prix de mensonges sur une réalité politique, des résultats de sondages, des remarques sur des débats. Dire la vérité au candidat est une chose. En devenir un porte-voix, bien au-delà, c’en est une autre. Avoir le sens du relationnel: le directeur de campagne doit souvent assurer des rendez-vous à la place du candidat, avoir l’autorité pour un commandement efficace: le rôle essentiel du directeur de campagne, c’est d’alléger les pressions psychologiques et physiques qui pèsent considérablement sur le candidat. Si l’exercice de son commandement suscite trop de contestations, de problèmes divers, le directeur de campagne alourdit le nombre et le poids des arbitrages, qui ne pourront dès lors relever que du candidat lui-même. Dans ce cas, le directeur de campagne ne remplit plus sa fonction».
Quid de chez nous? Sous nos cieux, le directeur de campagne est très généralement choisi par le Parti; où le rapport de force, on le sait, détermine tout choix, et le plus souvent émerge des cadres, dont la compétence en matière de management est quasi nulle. Des cadres qui, dès leur nomination, se voient déjà Premier Ministre au mieux, au pire Secrétaire Général de la Présidence.
Dans nos directions de campagne, point de place pour le professionnalisme. Les forts en gueule, les excités, dament le pion aux plus tempérés. Les porteurs de bagages deviennent plus importants que les porteurs d’idées, les opportunistes de tout poil et de tout acabit ont pignon sur rue et tout du candidat devient vendable et achetable, des teeshirts aux portraits. Et dès que tombent les premiers résultats et que le candidat est largué, ils disparaissent, comme par enchantement.
C’est pourquoi l’histoire des élections au Mali ne retient aucun nom de ses fantoches directions de campagne. De vous à moi, qui se rappelle les noms des directeurs de campagne de Konaré en 1992 et 1997? D’IBK en 2002 et 2007? D’ATT en 2002 et 2007? Ne parlons pas des communicants des candidats, qui, en complicité avec certaines agences de communication, sont plus préoccupés de se faire les poches sur «les miettes» que nécessite la mise en œuvre d’un minimum de visibilité du candidat, que de la mise en place d’un véritable plan de média training, ce dont, en réalité, le candidat à besoin.
Heureusement pour les fameux chargés de communication de nos candidats, le mythe du sorcier blanc, tel que l’on a vu dans certains pays de la sous-région récemment, n’a pas encore fait école chez nous, sinon se serait la fin des haricots pour ses apprentis Séguéla. A présent, une question simple: qui sera le directeur de campagne de Dioncounda Traoré? Viendra-t-il du G.7? Et celui d’IBK? Sera-t-il une surprise, comme en 2002 et en 2007, ou viendra-t-il du Triumvirat? Et celui de Soumaila Cissé? Sera-t-il un Sudiste bon teint? Pour Mariko, ne cherchez pas loin, il émergera du «Triangle de Bermudes», véritable Who’s Who du candidat. Dans un prochain numéro, je vous expliquerai ce qu’est le G.7, qui se transforme souvent en G.8, le Triumvirat et le Triangle de Bermudes, et ceux qui les composent.
En attendant, que le bon sens nous guide!
Daman O. TEKETE
Le 22 Septembre 05/09/2011