Le représentant de l’Untm à cette rencontre, Ben Maouloud Kattra, chargé de l’Education ouvrière et à la Formation, a exprimé ses inquiétudes en comparant la situation avec celle du Bénin, où quelques semaines avant les élections, il y a eu les mêmes types de concertation. Mais cela n’a pas empêché ce pays d’avoir deux présidents aujourd’hui. Selon lui, le temps ne permet plus de faire un fichier fiable sur la base du Ravec, il propose de faire avec l’ancien fichier, car les seuls moyens ne suffiront pas quand on sait que le temps va jouer. « J’ai des inquiétudes. Il faut une coalition entre la société civile et les partis politiques d’une part et entre les partis politiques, d’autre part ».
Le président du Forum des Organisations de la Société civile, Amadou Diakité, dans une intervention avait demandé au président du Parena, Tiebilé Dramé de reprendre son bâton de pèlerin en direction des partis politiques, car il appartient à ceux-ci de se mettre ensemble. « En cas de problème, la société civile est victime et les partis politiques sont comptables », a indiqué cet intervenant.
Le représentant de la Cstm a proposé d’agir vite face au problème : « il n’y a pas de liste électorale fiable. On doit se lever ! Je pense qu’il faut prendre le Ravec, le terminer et faire le fichier avec ».
Le représentant de l’Archevêque de Bamako a déclaré qu’« il s’agit d’une question de vie ou de mort, de démocratie et de paix ». Selon lui s’il y a une volonté de bien faire, des moyens matériels et financiers doivent être donnés aux autorités administratives. Et les partis politiques doivent cesser de gonfler les listes, a-t-il indiqué. Les autorités religieuses et traditionnelles doivent continuer à sensibiliser. Cependant, si après 20 ans de démocratie, on en est encore là il y a de quoi s’interroger sur la volonté réelle d’en sortir.
Selon Mme le Dr Cissé, intervenant au nom de la société civile, « le Parena a pris le devant et mérite d’être suivi et chacun au niveau de son organisation doit s’impliquer ». Selon elle, ce n’est pas seulement au niveau du fichier qu’il y a des problèmes, mais aussi, l’administration, la justice et même dans les bureaux de vote où on peut rencontrer des représentants des partis politiques non formés, souvent des enfants qui viennent au nom des partis politiques. On doit en finir avec ces pratiques, a indiqué Dr Cissé. Elle a été rejointe dans cette position par le Dr Mariam Djibrilla Maïga, selon laquelle, c’est la présence de ces enfants en l’absence des adultes des partis politiques qui renforce la fraude. Il faut « anticiper, c’est prévenir la violence », a déclaré le Dr Maïga.
Selon un représentant des commerçants, ce sont généralement des opérateurs économiques qui sont attaqués. Cependant une mise garde, car si les politiques ne mettent pas les bouchées doubles, pour bien organiser les élections à date, « la société civile fera bloc et ne se laissera plus faire ». Selon cet autre commerçant, Moussa Traoré, représentant du Synacodem, « le Parena vient de nous montrer la voie. C’est à nous d’aller sensibiliser ». Pour la représentante de l’Association des organisations professionnelles paysannes, le problème étant de tenir les élections dans les délais, le Parena doit demander rapidement à l’administration de remettre le Ravec nettoyé à la DGE pour que le travail puisse se faire dans le temps.
Revenant à la charge, Maouloud Ben Kattra, représentant de l’Untm, a préconisé de former une alliance avec le Parena et d’aller voir les partis politiques, parce que sinon les partis ne s’entendent pas entre eux et c’est la société civile qui en sera victime. Le représentant du Conseil national des organisations paysannes, Chantal, a proposé de faire un Appel aux partis politiques, mais aussi de se donner deux semaines pour se retrouver.
Kalilou Camara du Conseil islamique s’est étonné qu’en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Soudan etc, les mêmes hommes causent les mêmes problèmes. D’où son inquiétude.
Selon le Président du Parena, Tiebilé Dramé, il est urgent de préparer les élections pour préserver la paix dans le pays. L’alliance des organisations de la société civile, dont l’embryon se trouvait dans la salle, doit faire une déclaration et « aller voir tout le monde : pouvoirs publics, partis politiques, partenaires, autorités, pour leur dire, nous ne voulons pas d’élections truquées, pas d’élections comme au Bénin ou au Soudan, encore moins, qu’à Dieu ne plaise comme en Côte d’Ivoire ».
B. Daou
Le Républicain 27/04/2011